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C’est le fameux « pas de vagues » trop souvent invoqué que Bernard, professeur dans un établissement « difficile » des Hauts-de-Seine, dénonce. Dans ce lycée, « gangrené » par les syndicats d’extrême gauche, dont il dit qu’ils sont souvent bien plus prompts à défendre le communautarisme que les principes de neutralité de l’école, la terreur et l’omerta règnent. Un climat propice à un entrisme islamiste décomplexé. « Pour eux, ça n’existe pas. Ils ne voient pas le voile ni les abayas. C’est le déni, accuse Bernard. Et les professeurs sur ma ligne sont terrorisés à l’idée de s’exprimer, ou isolés et ostracisés. C’est mon cas. Dans ma classe, j’ai eu des élèves fichés S. Je ne savais pas qui ils étaient, ni les faits reprochés. Certains sujets m’étaient interdits. Pendant un cours, un élève, de toute évidence salafiste, m’a menacé parce que j’expliquais que le roi du Maroc est le commandeur des croyants. Quand il s’est agi de parler de la Shoah, les remarques antisémites ont fusé. Certains regrettaient, ouvertement, que les nazis n’aient “pas fini le boulot” ou clamaient que “les juifs l’avaient bien mérité”. Le problème, c’est qu’au sein de l’établissement, les petites lâchetés de la direction vous laissent seul face à ces comportements. »

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La baisse programmée de la démographie médicale, via le numerus clausus, est pour beaucoup dans cette « islamisation d’atmosphère », pour reprendre le concept de l’islamologue Gilles Kepel. « On a toujours eu des médecins étrangers, algériens, tunisiens et marocains, mais ils étaient profondément laïcs, se rappelle un praticien expérimenté. À la fin des années 1980, une nouvelle génération est arrivée d’Algérie, proche du FIS (Front islamique du salut, dissous par le pouvoir algérien début 1992 après une victoire électorale, NDLR) et prosélyte. »

Certains cas ont défrayé la chronique, comme ce chef de la radiologie à Orléans qui faisait dire la prière cinq fois par jour, mais beaucoup sont passés sous les radars malgré des pratiques qui flirtent avec la légalité, quand elles ne l’enfreignent pas. Un chirurgien énumère : « Il y a des filières pour obtenir des rendez-vous plus rapidement quand on est musulman ; le voile est interdit mais dans certains établissements, la coiffe chirurgicale est portée partout en dehors de la salle d’op ; le porc a quasiment disparu des menus des soignants… Plus grave, des médecins antidatent les grossesses pour empêcher des musulmanes d’avorter – l’avortement est “haram”. » Les associations confessionnelles ont toujours été très présentes en cancérologie et en soins palliatifs et des mouvements islamistes militants en profitent. Une infirmière raconte avoir « beaucoup vu des membres de BarakaCity essayer de convaincre les mourants de revenir à Dieu » avant que l’association, qui se présentait comme « humanitaire », soit dissoute, fin 2020, pour « provocation à la discrimination » et « provocation au terrorisme ». Mais la relève devrait être assurée : le voile et la barbe sont désormais des accessoires banals chez les étudiants en médecine en France et plusieurs milliers de recrutements à l’étranger, et notamment au Maghreb, sont encore prévus dans les années qui viennent.

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Les revendications islamiques s’expriment dans une grande partie du monde du travail. La RATP, EDF, La Poste, Orange, Stellantis (ex-PSA Peugeot), BNP Paribas, Casino… : on ne compte plus les entreprises, publiques ou privées, qui se sont dotées d’un guide pour aider leur encadrement à gérer les « demandes religieuses » – pas question de « stigmatiser » l’islam ! Conçus en général il y a près d’une quinzaine d’années, ces vade-mecum ne permettent pas toujours de régler paisiblement des problèmes dont le nombre est en nette augmentation, selon l’édition 2022-2023 du baromètre du fait religieux en entreprise, publié par l’Institut Montaigne. La part des situations nécessitant une intervention managériale et aboutissant à des tensions et à des conflits a atteint 21 % en 2022 contre 19,5 % en 2020-2021. Elle était de 6 % en 2013, à la création du baromètre. (…) Mais ces recrutements massifs posent problème. « Les salariés de confession musulmane ont tendance à se regrouper et à ne parler qu’arabe entre eux, ce qui est pénible pour les autres, même si ce n’est pas religieux, raconte Serge. J’ai fait des rappels à l’ordre. On m’a insulté, traité de raciste, mais ma direction m’a soutenu. Ça a grogné, mais c’est rentré dans l’ordre. En revanche, j’ai toujours du mal à imposer aux hommes musulmans de travailler sous les ordres d’une femme. Ils ne la contestent pas ouvertement en raison de son sexe, mais ils mettent en doute sa compétence et refusent de lui obéir. » En période de ramadan, Serge refuse les allègements d’horaires pour fatigue causée par le jeûne et les départs en milieu d’après-midi sous prétexte qu’un musulman ne prend pas de pause déjeuner : « J’ai répondu qu’ils n’étaient pas obligés de déjeuner, mais que la pause valait pour tout le monde ! »

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Le Figaro Magazine

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