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J’avoue. J’ai acheté Siné Hebdo. À la suite de «l’affaire Charlie-Hebdo », je savais que Siné était ce soixante-huitard irrécupérable, adversaire résolu de l’identité française et européenne, du christianisme, et de toutes les valeurs que nous défendons. Je savais tout cela.

Je ne pouvais pourtant m’empêcher de penser que Siné, après avoir été broyé par la cabale médiatique, après avoir été attaqué de façon aussi surréaliste, après avoir franchi les limites « autorisées» par la pensée unique, que Siné donc, dénoncerait dans son nouveau canard l’absurdité du communautarisme victimaire et l’instrumentalisation antiraciste. Sinon en l’affirmant haut et fort, du moins par quelques allusions bien senties.

Le temps que je surmonte mon aversion à l’idée de mettre mes deux euros — prix du journal — dans la poche de Siné, tout avait été vendu… 140 000 exemplaires, partis comme des petits pains. Ainsi que les 10 000 gratuits de la fête de l’Huma. De quoi aiguiser la curiosité…

Or, hier matin, surprise. Dans le kiosque d’à coté, un exemplaire de Siné Hebdo. Montée d’adrénaline. Et si l’on me voyait ? Allait-on m’accuser de lire un brulot antisémite ? Allais-je être la cible du Bétar au détour d’une ruelle ? La peur au ventre, j’effectuai la transaction avec le sympathique maghrébin qui tenait le stand. Lui au moins ne me trahirait pas…

Tremblant d’émotion, je me préparai à dévorer ce brûlot. J’espérais y trouver une rebellion, tardive sans doute, mais sincère. Et peut-être les prémices d’un mouvement de masse, celui qui ferait enfin tomber les tabous, ouvrirait les yeux des naifs, et dénoncerait la propagande. Un truc comme ça.

Une fois la couverture à l’humour potache tournée, un éditorial de Siné promet un journal “rebelle et dissident”, accompagné d’un dessin ouvertement anti-catho, pro-gay, et deux blagues sur la grossesse de Rachida Dati. Bon.

Plus loin, un article de Guy Bedos (“Le Sarkozysme EST primaire. On lui répond dans sa langue”), un autre de Michel Onfray (“Le crétin utile vote à droite, mais on le trouve également à gauche, notamment dans son aile droite”), suivi d’un billet de Raoul Vaneigem (“Entre interdire une opinion nauséabonde et condamner un trait malséant, caricatural, humoristique, le pas est vite franchi.”). Autre dessin : un rabbin, un curé et un imam s’étripent.

Au fur et à mesure de ma lecture, mes espoirs s’estompaient. Page après page, le journal déroulait les grands classiques de la bourgeoisie gauchiste bienpensante : attaque contrre les patrons, la police, le capitalisme, le christianisme, une charge contre les beaufs à la plage, une tribune en faveur de l’anarchisme… Pas un seul article, pas un seul dessin sortant de la doxa habituelle.

La dernière page montre un dessinateur recroquevillé, craignant pour sa vie, redoutant le courroux des puissants pour son irrévérence. Que Siné se rassure. Il ne court aucun risque.

En résumé, une cruelle déception. Un concentré de pensée unique, les éternels bons sentiments de façade et la même rébellion de carton-pâte que depuis des décennies…

Le numéro 2 de Siné Hebdo sort aujourd’hui. Ne l’achetez pas.

Merci à bds pour les corrections

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