Si ça avait été dit par Chirac, on aurait appelé ça une grosse gaffe. Venant de Nicolas Sarkozy, en pleine lune de miel américaine, c’est passé pour une petite maladresse.
Mardi, devant le French-American Business Council à Washington, le président français a cité Condoleezza Rice au milieu d’une liste de personnalités qui ne seraient pas complètement américaines. "Ça fait plus de vingt ans que votre ministre des Affaires étrangères est un Américain venu d’ailleurs". Peu de temps auparavant, devant la communauté française, il parlait de son amour pour l’Amérique, dotée depuis vingt-et-un ans d’un ministre des Affaires étrangères qui n’est "pas américain du canal historique", accordant la paternité de l’expression à Rama Yade. Déjà, le 21 septembre dernier, il avait inclus la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice parmi des “Américains de l’extérieur".
Passons sur la question arithmétique (Madeleine Albright, la première de la liste, a été nommée en 1997) pour creuser ce "canal historique". Madeleine Albright est effectivement née en République tchèque. Les parents de Colin Powell, né à New York, sont des immigrés jamaïcains. Mais les parents, grands-parents et arrière grands-parents de Condoleezza Rice sont des Américains d’Alabama. Le président français voulait probablement faire valoir que les trois derniers chefs de la diplomatie américaine ne sont pas des "white males" (hommes blancs), contrairement à leurs 63 prédécesseurs