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AU MOMENT où s’ouvre à Paris le 90 e congrès de l’Association des maires de France (AMF), un sondage interpelle les élus des 36 679 communes françaises. Selon l’enquête Obea-Infraforces (réalisée du 19 au 30 octobre 2007 sur un échantillon représentatif de 1 000 personnes de plus de 18 ans), les trois quarts des Français seraient désormais favorables au vote des immigrés aux élections municipales. Certes, 30 % répondent « oui, en fonction du nombre d’années de résidence en France », 28,5 % « oui, en fonction du nombre d’années de résidence dans la commune » et 3,9 % « oui, en fonction du pays d’origine ». Seuls 14 % ne posent aucune condition à cette participation et 17,9 % s’y opposent catégoriquement.

« Il faudra quand même faire de la pédagogie » Incontestablement, alors que les résidents des vingt-six autres pays de l’Union européenne ont déjà le droit de vote et donc d’éligibilité aux municipales depuis le scrutin de 2001, la réflexion des Français a mûri. « C’est un véritable basculement de l’opinion », commente un maire de droite. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy, friand de sondages, a lui-même évolué au point de se déclarer favorable, en 2005, au vote des immigrés aux élections locales. Une proposition qui aurait fait hurler la droite il y a seulement dix ans… Par contrecoup, l’affichage du président a sans doute contribué à faire mûrir les esprits, même s’il n’avait pas inscrit cette mesure dans son programme. Paradoxalement, les maires semblent souvent les plus réticents, au risque d’apparaître, sur ce sujet comme sur celui de la diversité, en retard sur la société. Maire d’Handschuheim (Bas-Rhin) et ancien président de l’AMF, Daniel Hoeffel se déclare « méfiant » : « Il faut se garder de tirer des conclusions définitives : on a vu que, sur l’Europe, les Français disaient oui dans les sondages et non dans les urnes. » « Il y a quand même un certain nombre de conditions nécessaires, il faut que les gens soient intégrés, parlent la langue et aient du travail », avertit Henri Lebreton, maire de Buléon (Morbihan). « Les étrangers ont encore souvent des réflexes communautaristes », glisse Monique Piot, maire de Nogent-sur-Vernisson (Loiret), en refusant une évolution « prématurée ». D’autres, au contraire, applaudissent, comme le socialiste André Laignel, vice-président de l’AMF et maire d’Issoudun (Indre) : « Il arrive que les citoyens soient en avance sur les élus, c’est bon signe pour la démocratie. Mais il faudra quand même faire de la pédagogie. » « Oui au droit de vote des étrangers sans distinction, c’est le meilleur moyen d’accélérer l’intégration », approuve Olivier Gaigne, jeune maire de Baillé (Ille-et-Vilaine). « Ce n’est pas en refusant les immigrés qu’on les intégrera », ajoute Pierre Bruyère, maire UMP de Poisy (Haute-Savoie). Les plus hostiles restent cependant les maires d’outre-mer, confrontés sur leurs territoires à une très forte pression migratoire. « Donner le vote aux immigrés, qui nous posent beaucoup de problèmes, ce n’est pas du tout cohérent », tempête Michel Thalmecy, maire du Lorrain, en Martinique.

Source ; Le Parisien

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