Fable moderne à l’intention des mal-comprenants
Pour faire du sous bois un havre de bonheur,
La lavande et le thym mélangeaient leurs odeurs.
Abeilles fredonnaient en butinant les fleurs…
La ruche regorgeait de rayons de soleil
De gelée et de cire, de pollen et de miel.
Dame Guêpe voulut se mêler au festin.
Après avoir trompé l’attention des gardiens,
Furtivement, dans la ruche, s’introduisit.
Elle appela sa sœur, et bientôt sa cousine
La sœur de sa cousine, puis toutes leurs voisines.
Si bien qu’en un moment la ruche en fut remplie.
Elles mangeaient tout le miel qu’abeilles fabriquaient
Ne faisaient jamais rien, et pour passer le temps
Alvéoles cassaient. Abeille protesta.
Guêpes manifestèrent et firent maints boucans.
Le conseil des bourdons alors se rassembla,
Démocratiquement, Abeille fut mandée.
« Pourquoi dois-je abriter des insectes étrangers ? »
Ruisselant de social, Sieur Bourdon s’indigna :
« Comment osez traiter nos parents de parias !
Le tort vous en revient, si Guêpe est venimeuse
Car vous n’avez pas su comment l’assimiler.
Il faut la respecter afin qu’elle soit heureuse ;
Elle aime caillasser, laissez la caillasser ;
Elle aime fracasser, laissez la fracasser ;
Elle aime saccager, laissez la saccager ;
Laissez-la exprimer sa personnalité. »
Plus Guêpe dévastait, plus de miel elle avait ;
Plus elle démolissait, et plus on la comblait.
Et Abeille jobarde, toujours plus travaillait.
Guêpes proliféraient, abeilles s’étiolèrent ;
On appliqua les lois de la démocratie,
Qui donnent aux plus nombreux le droit de tyrannie.
Guêpes étant plus nombreuses, les abeilles, chassèrent.
Au bout de quelques mois, de miel il n’était plus.
Le dénuement régna, la disette accourut,
Ruche périclita, malheur se répandit,
Il n’y eut bientôt plus que détresse et chienlit.
Poignez vilain, il vous oindra;
Oignez vilain, il vous poindra.
D’après JdlF (Merci et bravo à Z)