En 2005, quand les policiers arrêtent Younes Tsouli, un marocain résidant à Londres, ils ne se doutent pas de l’importance de leur prise. De sa chambre, Younes Tsouli était devenu l’un des cyber-djihadistes les plus en vue de la planète. Son parcours révèle à quel point les terroristes “virtuels” peuvent rester ignorés des services de sécurité, radicaliser toute une frange de la jeunesse et participer à l’élaboration d’attaques terroristes.
A ses débuts, Tsouli commence par consulter sur le web des documents extrémistes. Très vite, il devient bien plus qu’un observateur : il aide au piratage informatique, charge sur internet de la propagande extrémiste. Il en vient rapidement à coopérer avec les cellules préparant des attentats.
Tsouli recherchait par exemple activement des vidéos réalisées par des soldats américains montrant l’intérieur des bases américaines en Irak, afin d’améliorer les préparatifs d’attentats. Des membres d’Al Qaida repèrent le jeune homme et lui demandent de construire des sites internet, de bâtir des forums. Il devient par la suite le principal distributeur des vidéos d’Al Qaida.
En deux ans, il devient le roi incontesté du terrorisme sur le web et administre l’un des plus importants sites extrémistes, permettant d’établir le contact entre des milliers de personnes.
Les sites extrêmistes mis en place étant fermés par les autorités sitôt qu’ils sont repérés, il en ouvre en permanence de nouveaux. Pour cela, il lui faut de l’argent. Et des complices. On trouve sur l’ordinateur d’un contact, arrêté en même temps que lui, les détails et codes de 37.000 cartes bancaires, obtenus par phishing, ou achetés sur des forums spécialisés. La police retrouve ainsi 2,5 millions d’euros de transactions frauduleuses. Les deux cyber-criminels ne s’étaient jamais rencontrés et ne communiquaient qu’au travers d’internet.
Tsouli a été condamné à 16 ans de prison. Mais jour après jour, le nombre de sites de musulmans fanatisés continue d’augmenter. (source)