Dans une interview à France-Info, Philippe Aghion, membre de la commission Attali, lâche benoîtement un élément qui ne semble pas avoir frappé outre mesure les électeurs français : le largage en rase campagne du programme électoral Sarkozy. Citation (écouter la vidéo):
« Le programme Attali est très différent du programme électoral de Sarkozy. Si Sarkozy décide de prendre comme base de son action gouvernementale le rapport Attali, écoutez, c’est une première. C’est un président qui aurait été élu sur un programme et qui, 7 mois après prend un autre programme comme base de sa politique. On parle d’une toute autre politique que le programme électoral.»
Signataire en avril 2007 d’un appel en faveur de Ségolène Royal (car dit-il, «son approche est la plus à même de remobiliser le pays pour une croissance plus forte») Philippe Aghion est une grosse tête dont l’horizon semble se limiter à une vision chiffrée et économicisée de la société.
Professeur à Harvard, sa biographie officielle aligne les diplômes et les récompenses en mathématiques et en économie, et la liste de ses publications, longue comme le bras, est un feu d’artifice : productivité, compétition, croissance, structure financière, rendement, système bancaire etc…
• On lui doit un rapport sur « L’imigration sélective et besoins de l’économie française » qui bombarde de la statistique et s’appuie sur une vision exclusivement comptable de la société :
– l’immigration accroît l’emploi et le niveau d’activité de l’économie ;
– l’immigration choisie augmente le PIB/tête ;
– concernant les revenus, l’immigration bénéficie aussi aux autochtones ;
– l’immigration accroît la demande de biens et services à l’intérieur du pays ;
– le rapport avoue qu’il est «difficile de mettre en évidence des effets généraux de l’immigration sur les finances publiques».
– Bon point : le rapport déclare que «le recours à l’immigration ne peut constituer une réponse pérenne au vieillissement et au déclin démographique.»
Le recours à l’immigration ne peut constituerune réponse pérenne à l’allongement de la durée de vie : les immigrants voient également leurespérance de vie augmenter et acquièrent des droits à la retraite. Il faudrait donc encore accélérer le flux d’immigration pour compenser ce surcroît de population âgée, et ainsi de suite. L’ONU a réalisé des simulations des flux migratoires nécessaires pour atteindre cet objectif à horizon 2050. On aboutit alors à des chiffres d’immigration par trop énormes pour être envisageables : ainsi selon les calculs de l’ONU, la France 25 devrait accueillir 94 millions d’immigrés à l’horizon 2050 si l’on souhaitait compenser le vieillissement de la population, puis celui de la population immigrée.
