L’ex-commandant de police Patrick Trotignon a travaillé pendant 30 ans en Seine-Saint-Denis. “Ecœuré”, il témoigne de la réalité du terrain.
Pourquoi avez-vous arrêté?
“J’étais écoeuré. J’avais l’impression d’être un ventilateur qui ne faisait que brasser de l’air. J’en pouvais plus d’être inutile. Il fallait faire du chiffre, compter les points, les ‘bâtons’ comme on dit, c’était la ‘bâtonnite aiguë.’ J’interpellais les gens, je lançais la procédure, et ceux que je venais d’interpeller étaient aussitôt remis en liberté. Je me demandais : ‘Mais je sers à quoi ?'”
Qu’est-ce qui vous pesait le plus?
“L’impunité des jeunes délinquants dans les zones où la criminalité est présente, et le manque de respect. La police est de moins en moins respectée, et ça va crescendo. A Villiers-le-Bel ou Grigny, les jeunes tirent sur la police avec des fusils de chasse. Ils utilisent des balles Breneck pour sangliers ! C’est pas pour nous chatouiller…”
Quelle est la délinquance actuelle en Seine-Saint-Denis?
“Elle a beaucoup changé et augmenté. On est passés d’une petite délinquance traditionnelle à une criminalité organisée, avec une économie souterraine et d’importants trafics de drogue. Au début de ma carrière, on était trois pour une interpellation dans la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois. Maintenant, c’est BAC, CRS,…sinon on se fait démolir. Aujourd’hui, les jeunes délinquants ne veulent plus seulement en découdre avec la police, ils veulent tuer du flic. Lire la suite…