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Geronimo

La dernière chronique de Melle S sur RBN

Donc dans la série c’est pas parce que t’es mort que tu dois te taire, ce soir nous allons lire l’interview réalisée avec Géronimo, le chef de guerre indien.

Bonjour monsieur Geronimo. Est-ce que vous pouvez vous présenter pour nos auditeurs qui ne vous connaissent pas forcément ?

Tout d’abord, ugh à tous, ou comme vous dites par ici, bonsoir. Donc je suis Goyathlay mais je suis plus connu sous le nom de Géronimo. Je suis né en juin 1829 _oui, on sait plus trop quel jour, nous autres les Apaches, on faisait pas trop gaffe aux dates, à l’état civil, il étaient pas trop regardant_ à No – Doyon Canyon. Donc j’ai regardé sur mappy, et en fait, c’est à l’ouest de l’actuel Nouveau Mexique, mais à l’époque, c’était encore territoire Mexicain.

En fait à la base je suis guerrier et médecin de formation mais j’ai fait carrière dans la politique puisque je suis devenu chef de ma tribu en 1846. Mais bon, à l’époque c’était différent puisque bon, moi j’ai combattu dès l’âge de 17 ans contre les colons. J’étais ce que vous appelez aujourd’hui un enfant-soldat.
D’accord monsieur Geronimo, mais qu’est-ce que vous appelez « colon » exactement ?
Ben, écoutez ma p’tite dame, donc nous on était peinard depuis la nuit des temps dans nos plaines, on demandait rien à personne jusqu’à ce que des visages pâles arrivent par chez nous.
Des immigrés en somme…
Oui, c’est ça.
Bien, et donc quelle a été votre réaction à l’époque ?
Ben, à vrai dire à l’époque, on n’a pas trop tiqué. Nous, vous savez, on est des gens paisibles, on est plutôt accueillant. Donc on n’a pas pensé à mal. Je dirai même qu’on les a pas mal reçu dans la mesure où on leur a laissé cultiver nos terres, chasser nos gibier, couper nos arbres etc…je sais bien que c’était pas nos terres, ni nos animaux et encore moins nos arbres, vu que chez nous la philosophie veut que la notion de propriété n’existe pas, chez les apaches, c’est la communauté qui prévaut sur l’individu…
Ah oui, je saisis, on a eu un truc pareil chez nous, mais qui a pas trop marché…
Donc, j’disais, on les a laissé s’installer. Jusqu’à ce que ils deviennent plus imposants et plus exigents, « le bruit, les odeurs », tout ça, enfin vous connaissez le refrain…
Oui oui je connais le refrain
Ils sont arrivés une main devant une main derrière, nous on les a nourris blanchis logé, un mec de chez nous, Ours Le grand (je ne sais pas si vous connaissez…) avait monté une asso « un tipi pour tous » qui leur avait refourgué des tipis meublés clé en main gratos. Ya même *** de « chamanes sans frontière » qui leur avait fourni du camphre et des cataplasmes à base de plantes comme on fait chez nous, pour soigner tout ce beau monde, parce que ils n’étaient pas vraiment arrivés seul, si vous voyez ce que je veux dire, y’avait des clandos parmi eux, du morbac et compagnie…bien cracra…bref, on les a vraiment pas traité comme des coyotes…
Avec les chefs de clan, on avait même créé une commission d’expertise pour enterrer la Halde de guerre pour lutter contre les discriminations et tout, vous voyez…parce que certain de chez nous, des conservateurs, voyaient l’arrivée de ces gens-là d’un assez mauvais œil. Enfin, comme j’dis toujours, une main devant une main derrière c’est une façon de parler parce que j’avais un vieux pote aztèque (ceux des pyramides…) qui m’avait raconté plusieurs années auparavant, lors du sommet des puissances antiques, qu’ils lui avaient fait le même coup, genre j’arrive en cloch’, j’te fais pitié, pis j’me barre avec tout ton or, d’ailleurs ça me fait songer que j’ai plus trop de nouvelles de mon pote, Acama, qu’il s’appelle…
Ah oui, je pense que je vois de qui il s’agit et malheureusement, j’ai pas une bonne nouvelle, je crains qu’il n’ait été…assassiné…désolée.
Ah, mince. Bon en même temps j’m’en doutais un peu, j’vous rappelle si vous ne le savez pas encore que à moi, ils m’ont tué ma mère, ma femme et mes trois gamins donc…j’avais eu des indices sur ce qui avait pu arrivé à mon pote et sur l’hostilité de ces gens-là.
Oui, de l’hostilité en effet, puisque après avoir abusés de votre hospitalité, après vous avoir génocidé, ils vous ont parqué dans des réserves…
Oui, au début, quand ils nous ont sortis le coup des réserves, déjà on a trouvé ça un peu fort de café, on a trouvé que ça sentait un peu le ghetto, puis ce terme de réserve, franchement on s’est demandé à quoi ils nous réservaient. Puis on a pigé.
Maintenant, 100 ans plus tard, on fait des figurines Kinder de ma pipe, mes congénères sont alcolos et au chomdu.
Vous voulez ajouter quelque chose Monsieur Geronimo ?
Puisque vous me laissez la parole, je voudrais dire ceci : ” Nous sommes en train de disparaître de la surface de la terre, mais je continue à croire qu’il doit y avoir une bonne raison pour que Dieu nous ait crées. Il a donné vie à toute une variété d’espèces d’hommes. Ainsi pour chaque espèce créée, Il désigna un pays particulier. Lorsque Dieu créa les Apaches, Il leur donna un pays qui se situe à l’ouest. Pour nourriture Il leur remit des graines, des fruits et du gibier. […]Il leur accorda un climat doux et tout ce dont ils avaient besoin pour se vêtir et s’abriter… Cela eut lieu au tout début de la création : car Dieu créa simultanément le peuple Apache et son pays. Et quand viendra le jour où les Apaches seront séparés de leur terre, ils tomberont malades et mourront. Combien de temps s’écoulera-t-il avant que l’on dise qu’il n’y a plus d’Apaches ? ”
Et je voudrais ajouter ceci : “Quand le dernier arbre aura été abattu – Quand la dernière rivière aura été empoisonnée – Quand le dernier poisson aura été péché – Alors on saura que l’argent ne se mange pas.”

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