Pour Françoise Cotta, avocate, Nathalie Jaudel, psychanalyste et Serge Portelli, magistrat, “le style réel” de la ministre de la Justice “alterne agressivité et arrogance”.
Rachida Dati a un grand souci de son image, et multiplie les interviews. Mais pourquoi déteste-t-elle à ce point la contradiction? Dimanche dernier, l’émission Ripostes, sur la 5, devait être consacrée au bilan du Garde des Sceaux. L’équipe de Serge Moati nous a contactés. À l’issue de tractations délicates, Rachida Dati a refusé le juge et l’avocate, proposant des contradicteurs plus tendres. Serge Moati, dont nous saluons le courage, a préféré annuler l’émission plutôt que de se soumettre à de telles exigences. Nous ne pouvons que regretter cette tentative de passage en force qui prive l’opinion publique d’un lieu de débat démocratique de qualité. Il faut dire que l’esprit de dialogue n’est pas le point fort de la ministre. Une fois enlevé son sourire conquérant, le style réel alterne agressivité et arrogance. On ne compte plus les groupes de travail qu’elle installe, mais n’écoute pas. Celui sur la carte judiciaire en est l’illustration caricaturale. Inauguré en grande pompe, il n’a jamais fonctionné, la ministre préférant imposer autoritairement ses choix. Chacun connaît les raisons réelles des départs permanents de ses conseillers: la désinvolture et la brutalité avec lesquelles elle les traite.