Témoignage d’un bloggeur-psy (extrait) :
« Ce matin, je croise le fils de mon voisin, docteur en pharmacie, diplômé en biochimie. Nous papotons. Il travaille à Londres et est ravi. Bien sûr à Londres, il pleut un peu plus et il y a des anglais, mais la vie lui semble simple. Il m’explique qu’il va sans doute faire sa vie là-bas. Son retour en France lui pèse déjà. Un autre voisin se joint à la discussion : il tente de convaincre son fils de quitter la France pour aller tenter sa chance ailleurs. Il est prêt à financer son départ.
Entre deux rendez-vous, pause-café en bas de mon cabinet. Je rencontre un voisin, ancien chef d’entreprise. On parle de la situation, et notamment de la grève de jeudi et de la situation des marins pêcheurs. Ce voisin, âgé de près de 80 ans m’explique qu’il aime son pays mais qu’il croit que tout est foutu. Il a des sanglots dans la voix. Il me dit qu’il a raté le coche et que s’il avait trente ans, il aurait émigré.
13 heures : j’arrive dans un restaurant où m’attend un vieux confrère. Il vient de fêter ses 79 ans. C’est un psychiatre, un ancien chef de clinique et chercheur. Il me parle de son expérience américaine. Au début des années 70, il a passé près de 4 ans à Stanford. Il m’explique sa vie passée et me dit combien ce fut dur de rentrer. II en rêve encore. Il conclut en me disant que c’est une erreur qu’il aura payé toute sa vie.
(En consultation), j’écoute les gens et leurs difficultés. Une jeune diplômée d’une sup-de-co d’un excellent niveau m’explique ses difficultés professionnelles. Je la rassure. Mais j’aurais bien aimé lui dire de ne pas rester ici, qu’elle va se sacrifier pour rien. Je me tais parce que je n’ai pas à décider pour elle. Mon métier, c’est de l’aider à s’autonomiser, pas de choisir pour elle.
Voici un siècle des gens sans instruction fuyaient la misère dans l’espoir d’une vie meilleure. Aujourd’hui des gens instruits rêvent d’un ailleurs pour fuir notre paradis socialiste. Notre pays semble devenu pathogène et générer des états dépressifs. Non parce qu’il est particulièrement difficile d’y vivre, mais simplement parce que les gens capables sentent qu’il est devenu impossible d’y réussir sereinement et ressentent confusément que la fin est proche. » (l’article complet ici)