Sur le chemin de l’école…
– Bon, tu as compris, Romain ? Tu écoutes bien, tu ne contredis pas ton prof, et quand il le faut, pour avoir une bonne note, tu en rajoutes. Rappelle-toi notre secret. Personne ne doit savoir que tu connais la vérité. Ni tes amis, ni les profs, d’accord?
– D’accord, Papa. Mais tu pourras m’aider sur les bienfaits de battre sa femme ? J’y arrive vraiment pas. Et il faut rendre le devoir demain.– Je t’aiderai, promis. Toi, Lydie, souviens-toi de ce qui s’est passé hier. Tu as eu zéro en Anti-Racisme car tu as dit que les noirs qui se battent entre eux, comme les Hutus et les Tutsis, sont racistes.
Même si tu as raison, n’oublie pas ce que ta prof t’a dit : les noirs ne sont jamais racistes. Si tu entends parler de conflit entre africains, pense aussitôt “conflit ethnique”. Ou mieux, utilise les mots-clé que je t’ai appris. Colonialisme. Accaparer. Sous-développement. Fachistes. Nazis. Honteux. Traite. Millions de morts. Faute des occidentaux.
La dernière fois que tu as utilisé tout ces mots dans la même composition, tu as eu 20. Peu importe que ça n’ait aucun sens, tu sais bien que ton voisin Moussa écrit en langage SMS et lui aussi, il a eu 20.
– Dis Papa, pourquoi on peut pas dire la vérité ?– C’est comme ça pour l’instant. Il faut faire profil bas. Tiens, remets le keffieh sur tes épaules, ça évitera qu’on te traite de pute sioniste.
** Une mini-nouvelle de Breakfast, lecteur régulier.
