Richard Labévière, rédacteur en chef à Radio France Internationale, expert du Proche Orient, est licencié le 11 août pour faute grave. La faute en question ? Avoir obtenu une entrevue exclusive de Bashar Al Assad juste avant la visite officielle de celui-ci à Paris.
Plus précisément, Assad avait accepté l’entrevue à condition de pouvoir choisir le journaliste, et son choix s’était justement porté sur Richard Labévière, dont les sympathies avec les régimes arabes étaient connues depuis longtemps.
La direction de RFI, toute empreinte d’une très prude éthique journalistique, refuse de fournir à Richard Labévière un technicien pour enregistrer l’entrevue. Celui-ci part tout de même à Damas.
A son retour, malgré le fait que l’entrevue soit diffusée par TV5 Monde et par RFI, Richard Labévière est licencié sans autre forme de procès.
Aujourd’hui, il dénonce la nouvelle direction du holding contrôlant RFI, France Monde, composée de Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac « voulant reprendre en main un contenu éditorial dans la bonne doxa américano-israélienne lorsqu’il est question du Proche orient », et considère qu’on met en place « un climat qui sert à intimider les journalistes qui sortent du discours officiel pro-israélien, une mise au pas des médias publics et de la presse française pour imposer une lecture néoconservatrice sur ces mêmes crises proche orientales ».
Après l’affaire Siné qui avait occupé le début de l’été, Richard Labévière semble lui aussi être la victime de la mise au pas de plus en plus stricte des médias. Certains sujets ne peuvent plus être évoqués que selon l’angle de la doctrine officielle et les contrevenants, aussi minimes que puissent être leurs fautes, sont punis avec une exemplaire sévérité.
Reporters Sans Frontières, qui juge le dossier « sensible », n’a pas souhaité réagir au licenciement du journaliste. Pourquoi sensible ?
Voir aussi la vidéo de l’interview de Labévière(vidéo via Marco)