Un des gros bastions de l’électorat PS commence-t-il à perdre ses illusions ?
Obnubilés par leur prochain congrès en novembre, les socialistes n’ont pas vu passer la rentrée scolaire. A l’inverse, dans le camp d’en face, on fait preuve d’un bel appétit sur le sujet (…) Le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, construit pierre après pierre l’école “nouvelle génération” que la droite est censée faire naître. A ses yeux, une école “moderne”, décomplexée, définitivement débarrassée de ses pesanteurs de “mammouth” héritées de la gauche. […]
Les enseignants fournissent encore des bataillons importants de militants et surtout d’électeurs au PS. Mais pour combien de temps ? Un militant socialiste sur cinq est enseignant, mais dans un parti où 40 % des militants ont plus de 60 ans. […]
La jeune génération d’enseignants entretient avec le métier et l’institution une relation très différente de celle qui l’a précédée. Elle exprime sans complexe son scepticisme sur le bien-fondé des réformes conduites par la gauche. Le tabou du collège unique est au cœur du non-dit qui plombe les relations du PS et des “profs”. En 2000, les trois quarts des enseignants de moins de 35 ans jugeaient “irréaliste” l’objectif du collège unique et, tous âges confondus, une majorité d’entre eux était favorable à son abandon […]
Le “malaise des enseignants” se nourrit de cette désillusion : ils sont perplexes — quand ils n’y sont pas hostiles — à la poursuite du mouvement de démocratisation de l’école amorcé par la droite dans les années 1960, que la gauche a théorisé avant 1981 et parachevé une fois au pouvoir.