En Ile-de-France, quatre conteneurs sur cinq recèlent un document confidentiel, selon une étude récente. Récupérer ces renseignements est un jeu d’enfant pour les fraudeurs.
80 % des poubelles des Franciliens contiennent au moins un document pouvant servir à l’usurpation d’identité. Près de 20 % des poubelles de particuliers comptent des données bancaires. (…) Il suffit de rassembler le nom, la date et la localité de naissance d’une personne pour usurper son identité. Le fraudeur fait alors une demande par courrier à la mairie de naissance de la victime pour obtenir un acte de naissance authentique. (…)
Cette fraude s’avère difficile à mesurer. Mais l’augmentation exponentielle des déclarations de perte de papiers d’identité a mis les policiers en alerte. Entre 1999 et 2005, les chiffres ont bondi de 660 à 45 177, détaille Christophe Naudin, expert en criminalité identitaire. Ce qui ne peut s’expliquer que par un dévoiement de cette procédure. Plus de 6 000 dossiers de suspicions de fraude à l’état civil sont en attente au ministère de l’Intérieur. On estime que «20 % des permis ont été frauduleusement obtenus, tout comme 10 % des cartes d’identité». (…)
Aux Antilles et à la Réunion, certains autochtones vendent leurs papiers d’identité à des clandestins puis s’en font refaire au prétexte qu’ils les ont perdus.
Les sans-papiers installés en métropole cherchent aussi une identité légale pour rester, trouver un emploi, toucher les prestations sociales. Et font appel à des réseaux spécialisés. Dans l’ensemble, les fraudes documentaires à la Sécurité sociale se montent à plus d’un milliard d’euros par an. Enfin, rappelle Christophe Naudin, «dans certains cas, auteur et victime d’une usurpation se connaissent». Pour effacer un casier judiciaire ou changer de vie, beaucoup choisissent le nom d’un copain d’enfance ! Le Figaro