Lu dans L’Express de Madagascar du 29 octobre 2008 :
Le facteur racial (III), par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
(…) C’est presque schizophrénique le tabou dont le politiquement correct fait de certains mots qu’on employait tout à fait banalement voilà un quart de siècle seulement : on parle précautionneusement de « jeunes » alors qu’il s’agit de voyous, deuxième génération de l’immigration, habitant des quartiers dits « difficiles » alors que ce sont de véritables ghettos communautaires.
Pour l’efficacité des politiques publiques, il est pourtant utile d’avoir une grille de lecture qui ne soit pas tronquée. On ne gère certainement pas de la même manière un quartier homogène de « White Anglo-Saxon Protestants » et des cités squattées par des bandes rivales de Noirs et d’Arabes. Il y a des politiques à adapter selon que l’on s’adresse à des autochtones ou à des immigrés. Il n’est définitivement pas indifférent d’être Noir dans un pays de Blancs et, inversement, de se retrouver Blanc chez les Noirs. À l’occasion d’un micro-trottoir, un passant, Français de souche, résuma assez bien le sentiment populaire : Si un Barack Obama peut devenir Président des États-Unis, c’est parce que l’Amérique est une société multiraciale. Sous-entendu : la France est historiquement blanche.
Dans ses discours, Barack Obama rêve d’États-Unis des Américains tout court, mais pas d’une Amérique blanche juxtaposée à une Amérique des Noirs et à une autre Amérique des Asiatiques. Le rêve est légitime, le propos habile, mais la réalité du facteur racial est têtue.
Combien de procès, d’insultes et de stages de rééducation citoyenne pour un article similaire dans un grand quotidien au “pays des Droits de l’Homme”™, de la tolérance et de la liberté d’expression?