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La société multiculturelle, multiethnique et multiconfessionnelle est souvent présentée comme un modèle idéal et comme l’aboutissement inéluctable des sociétés occidentales. Pourtant, aux Etats-Unis, souvent montrés en exemple, les différentes vagues d’immigration sont loin de se fondre dans un melting-pot harmonieux et annonciateur d’un avenir radieux.


L’arrivée de Somaliens depuis 1990, dont beaucoup sont en situation régulière en raison de leur statut de réfugiés politiques, est à l’origine de tensions avec d’autres communautés immigrées comme les Latinos, dont beaucoup sont des clandestins. Mais entre Somaliens, musulmans, et Soudanais, majoritairement chrétiens, les sources d’inimitiés et de rancœurs sont également nombreuses.

A l’instar de nombreux ouvriers de l’usine locale de conditionnement de la viande, Raul Garcia, un Américain d’origine mexicaine, voit d’un mauvais œil les centaines de Somaliens qui viennent depuis ces dernières années s’installer en ville. Beaucoup de nouveaux venus reprennent les emplois qui étaient occupés précédemment par des Latinos, interpellés par les services de l’immigration. “Le Latino est quelqu’un de très humble”, assure Garcia, 73 ans, qui a travaillé à partir de 1994 dans cette usine, filiale du groupe brésilien JBS. “Mais eux, ils sont arrogants, ajoute-t-il en parlant des Somaliens. Ils agissent comme si les Etats-Unis leur devaient quelque chose.”

Garcia figure parmi le millier de Latinos et autres salariés qui se sont récemment élevés contre une décision prise par la direction de réduire leur journée de travail – et en conséquence leur salaire – de quinze minutes, afin de laisser à leurs collègues musulmans somaliens le temps de faire leur prière du soir. Après plusieurs jours de grève et de manifestations, la direction a fini par faire marche arrière. (…)

Les tensions sont loin d’être confinées entre les murs des usines. Ainsi, à Grand Island, il suffit de gratter un peu la surface et l’on verra surgir un peu partout rancœur, malaise et méfiance, si l’on en croit certains habitants. Entre les Blancs et les diverses communautés d’immigrés ; entre les anciennes communautés d’immigrés – comme celle les Latinos – et les nouveaux venus, en particulier les Somaliens et les Soudanais, autres réfugiés dont le nombre ne cesse d’augmenter depuis quelques années ; enfin, entre les Somaliens majoritairement musulmans, et les Soudanais, pour la plupart chrétiens.

Lu dans Courrier International

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