Hiver après hiver, depuis des années, la même interrogation renaît : Y aura-t-il assez de places dans les centres d’hébergement d’urgence pour accueillir les SDF ?
Lancinante question qui semble d’autant plus incongrue que le nombre de places augmente régulièrement et inexorablement. En 2006, les capacités d’accueil étaient de 91 675 places d’hébergement d’urgence et d’insertion. D’ici à 2009, 5 000 places de plus étaient prévues. (source). Pourtant rien n’y fait, le problème subsiste. Certes, la situation économique est instable, la précarité augmente, des jeunes, des femmes, des retraités viennent y chercher refuge comme le rapporte Le Monde . Mais n’oublierait-on pas une autre explication plus sensible: il n’y a que 7,5 % de familles françaises parmi les personnes hébergées. (source)
Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social, évoque l’évolution du profil des SDF depuis une quinzaine d’années: «Il y a aussi beaucoup plus de migrants, notamment des pays de l’Est, comme les Bulgares et les Roumains. Au 115 (numéro d’urgence), on est obligé de parler huit langues. » François Michelot, démographe à l’Observatoire du Samu social affirme: «En 2006, 45 % des personnes prises en charge par le Samu social sont français, et parmi les étrangers il y a… 133 nationalités représentées».
L’effarante diversité des pays d’origine des sans-abri est confirmée par Xavier Emmanuelli:
« Nous avons enregistré un réel accroissement des immigrés issus de l’Europe de l’Est (Russie, Roumanie, Biélorussie, ex-Allemagne de l’Est) à partir de 1995, poursuit Xavier Emmanuelli. Deux ans plus tard, ce fut au tour des Asiatiques de venir s’installer à Paris : ils venaient alors de Chine et du Sri Lanka. Ces arrivées se font par flux, en fonction de la mise en place des réseaux de passeurs. Depuis peu, par exemple, nous avons affaire à beaucoup de Mongols. Sans doute les filières en Mongolie se sont-elles multipliées récemment. » On croit avoir mal lu…
Les places étant toujours insuffisantes, le Samu social a donc recours à la location de chambres d’hôtel. La Chambre régionale des comptes en a évalué le coût :24,7 millions d’euros en 2004, au lieu de 4,3 millions en 2000, soit une multiplication par 5,7.
Et rien ne semble devoir arrêter cette spirale infernale. Véritable tonneau des Danaïdes, le problème de l’hébergement des SDF, étroitement lié à celui d’une immigration inépuisable, n’est donc pas en voie d’être résolu.
A noter : L’association Solidarité des Français reprend ses distributions de nourriture et de vêtements aux SDF de souche à Paris le lundi 24 novembre, puis tous les lundis soirs à partir du 8 décembre. Soutenez-les.