L’obsession de l’égalité parfaite dans tous les domaines ne semble plus avoir de limites. L’école est devenue le lieu privilégié pour remédier aux différences, y compris naturelles, caractérisant les individus. Le comportement des filles et des garçons est ainsi observé à la loupe dans une école de la banlieue de Stockholm. Pour certaines activités, la mixité est remise en cause. Mais à plus long terme, c’est à une modification du comportement des enfants que ce programme d’études est censé aboutir.
Une fois par semaine, les fillettes de cette école pilote en matière d’égalité des sexes sont invitées à faire de la gymnastique “entre elles”. Cette entorse au principe de mixité a été introduite au nom de l’égalité entre filles et garçons. «Les garçons accaparaient les jeux, ils occupaient l’espace, et les filles finissaient par s’effacer : elles se retrouvaient dans les coins. Depuis que les filles sont entre elles, elles reprennent confiance. Elles jouent librement et elles découvrent que faire du toboggan, sauter ou courir, c’est vraiment amusant !» déclare Ingrid Stenman, l’une des responsables de l’école.
Une chercheuse spécialisée dans les questions de “genre” est venue travailler dans l’école en 2004. Ses conclusions ont stupéfié les éducateurs : sans en avoir conscience, ils réservaient aux filles et aux garçons un traitement bien différent. Depuis 2005, les 24 éducateurs de cette école suédoise qui accueille une centaine d’enfants âgés de 1 à 5 ans ont donc tenté de modifier leur comportement.
«Ce travail nous a ouvert les yeux», résume Ingrid Stenman. «Aujourd’hui, nous tentons de faire bouger les frontières : un garçon qui veut jouer à des jeux “de fille” ne doit pas se sentir faible ou ridicule, une fille qui s’affirme et prend la parole ne doit pas sentir de réprobation. C’est un jeu “gagnant-gagnant” qui ouvre de nouveaux espaces aux filles comme aux garçons : s’ils le souhaitent, ils peuvent sortir des schémas traditionnels.»
«Les désordres scolaires sont liés, pour beaucoup, aux inégalités entre les sexes et au manque de respect pour les autres êtres humains, affirme Nyamko Sabuni, la ministre [suédoise] de l’intégration et de la parité du gouvernement de centre droit. Le combat pour l’égalité des sexes doit commencer le plus tôt possible.» (>> Le Monde)