La repentance ethnique, la culpabilité mémorielle ou le masochisme culturel sévissent partout en Europe. La Suède souhaite prendre la tête de ce mouvement de déliquescence généralisée et promeut des initiatives qui traduisent peut-être de graves tendances suicidaires. La chaîne publique suédoise SVT diffuse ainsi depuis le 3 novembre une émission hebdomadaire “Halal-TV” présentée par trois jeunes femmes voilées que la direction de la chaîne a présenté comme «musulmanes profondément croyantes». Cette émission se propose de disséquer la société suédoise et d’en dénoncer les tares.
Le premier numéro était consacré aux différences de classes. Une des présentatrices commente un reportage sur les banlieues de la capitale, celle, bourgeoise, de Danderyd, l’autre, Alby, défavorisée: «La Suède ressemble de plus en plus à l’Égypte avec ses différences de classes qui vont en s’aggravant.» Cette vision, superficielle et naïve, a quand même irrité beaucoup de Suédois.
La publicité de cette émission a en partie été assurée par le refus de deux des présentatrices de serrer la main du chroniqueur d’un quotidien proche des sociaux-démocrates qu’elles étaient venues interviewer. Il s’en est offusqué et leur a dit de repartir dans leur pays – elles sont nées en Suède – si elles n’étaient pas capables de saluer les gens comme on le fait ici.
Dilsa Demirbag-Sten, écrivain suédois d’origine kurde, a accusé la SVT de manquer de sérieux et se demande quel crédit apporter à une émission dont les présentatrices sont des musulmanes croyantes. L’une d’elles s’était déclarée favorable à la lapidation des femmes adultères, puis s’était par la suite prononcée contre la peine de mort. (Le Monde)
La Suède compterait entre 250 000 et 400 000 musulmans pour 9,1 millions d’habitants.