Pour donner un peu de crédit à la fable actuelle tentant de mettre sur un pied d’égalité les cultures européenne et arabo-musulmane, les médias en cour ont pris pour habitude de citer le nom d’Averroès.
Averroès est semble-t-il (avec Avicenne) l’un ses seuls noms à avoir surnagé du vide intellectuel de l’histoire arabo-musulmane. Au milieu d’une constellation de penseurs ou de philosophes européens qui ont marqué la philosophie et les sciences, cette étoile solitaire brille d’un bien pâle éclat. Cela n’empêche nullement les intellectuels télécrates de citer son nom dès qu’il leur faut illustrer les sommets supposés de la pensée musulmane. Le nom a d’ailleurs été repris dans ce but par le “Club Averroès”, organisme qui s’est donné pour mission la “représentation de la diversité”.
Pour peu que l’on creuse le sujet, ce philosophe correspond en réalité fort peu à ce qu’il est censé symboliser aujourd’hui : d’Averroès, philosophe arabe (1126-1198), on retient surtout que son “ouverture d’esprit” [des guillemets qui s’imposent à la lecture de cet article] et sa “modernité” déplurent souverainement aux diverses autorités musulmanes de l’époque. Ses livres furent brûlés et il fut emprisonné puis exilé pour hérésie.
Averroes a en particulier tenté de distinguer la foi de la raison [pensez à Ratisbonne en passant], un exercice fort mal vu par les musulmans il y a 800 ans. Exercice qui ne semble d’ailleurs pas préoccuper beaucoup plus les mahométans d’aujourd’hui. En 8 siècles, la “pensée” islamique n’a pas bougé d’un millimètre [sur l’immobilisme de l’islam, écouter cette audio-vidéo]
L’importance — toute relative — des travaux d’Averroes n’a de fait jamais eu grand poids dans la sphère musulmane. Ses principaux travaux portent essentiellement sur la philosophie grecque et ses écrits ont surtout marqué les philosophes chrétiens et juifs du Moyen-Age.
A ce sujet, Ernest Renan déclarait en 1883 qu’attribuer les mérites d’Averroes à l’islam, c’était comme attribuer les mérites de Galilée à l’Inquisition.
Pour conclure, on connaît également d’Averroes cette phrase citée en de nombreuses occasions : « La religion judaïque est une loi d’enfants, la chrétienne une loi d’impossibilité et la mahométane une loi faite pour les pourceaux (1) »
Un exemple bien mal choisi pour nous vendre les “lumières” de l’islam…