Charles Rojzman pourrait être décrit comme un “urgentologue” des villes en crise. Il a créé dans les années 80 une méthode d’intervention qu’il a intitulée «thérapie sociale». Il se rend d’une zone de conflit à l’autre, en Tchétchénie, au Rwanda ou à Montréal-Nord.
Peut-on vraiment traiter Montréal-Nord ou les banlieues françaises comme on traite la Tchétchénie? La source du malaise est-elle vraiment la même?
«Ce qui se passe en France, c’est à peu près la même chose que ce qui se passe en Tchétchénie. Tout simplement, la différence, c’est l’environnement qui est moins catastrophique – l’environnement économique, l’environnement humain, l’école qui existe encore… Mais je pense que fondamentalement, les problèmes de “vivre ensemble” sont les mêmes partout.»
“Ici comme ailleurs, tout ce qui crée de la peur peut créer de la violence” souligne Charles Rojzman. À nos politiciens locaux qui ont réduit l’émeute du mois d’août à un «événement isolé», le sociothérapeute sert un avertissement. «C’est exactement ce qui s’est passé en France. On a dit: «Il y a quelques émeutes dans les banlieues, mais ce n’est pas grave. Et maintenant, ce qui s’est passé en novembre 2005 se passe tous les jours dans les banlieues françaises, mais plus personne n’en parle. Parce qu’on ne sait pas comment traiter le problème.» Or, le silence ne règle rien, bien au contraire. (la suite)