Tiré du Times – via Courrier International
Ils sont nés en France et s’appellent Louis, Laurent ou Marie. Ils veulent changer de prénom pour devenir Abdel, Saïd ou Rachida. Les demandes de changement de prénom de la part d’enfants d’immigrés se multiplient devant les tribunaux français, ce qui est source d’inquiétude pour ce pays très attaché à l’intégration, c’est-à-dire à la fusion de toutes les identités au sein d’une unique culture nationale.
Forts d’une nouvelle assurance, les enfants de familles venues d’Algérie, de Tunisie et du Maroc remettent en cause une vieille tradition qui voulait que les immigrés des anciennes colonies donnent à leurs enfants des noms français. Incités dans cette démarche par un sentiment personnel de déphasage avec leurs noms chrétiens, ces demandeurs se heurtent à la réticence des juges, qui n’ont guère envie d’appuyer ce que beaucoup d’entre eux considèrent comme un rejet de la France.
Selon Frédéric Grilli, un avocat de Melun qui représente certains de ces demandeurs, il existe un lien entre ce désir de revendiquer une identité maghrébine et l’interdiction du port du voile à l’école publique, proclamée il y a 3 ans. C’est la politique d’intégration française qui est en cause, estime Dominique Sopo, le président de SOS Racisme : “Elle rejette, stigmatise et enferme dans un ghetto. Et ça encourage le retranchement dans une identité communautaire, déplore-t-il. Il y a un fossé gigantesque entre la réalité et les discours politiques sur l’intégration. Mais qui peut croire que changer de prénom y changera quelque chose ? C’est triste d’en arriver là.” Article complet