A l’université, les enseignants se lassent de lire des dissertations truffées de fautes. La dictée devient obligatoire à l’entrée de grandes écoles scientifiques, d’ingénieurs ou de commerce. Logique : dans leur processus d’embauche, les entreprises se mettent à évaluer les compétences orthographiques des postulants. Elles en ont soupé de ces jeunes cadres incapables de rédiger le moindre rapport ou courriel dans un français correct.
Qu’il affole, désole ou indiffère, le constat est désormais unanimement dressé, et scientifiquement démontré, d’une baisse de la maîtrise orthographique – ces vingt dernières années notamment – particulièrement visible en cette ère numérique. Jamais on n’avait autant écrit, jamais, surtout, autant de monde n’avait eu besoin d’écrire. L’orthographe défaillante devient une barrière à l’embauche, un frein aux évolutions de carrière.
Aussi, André Chervel, agrégé de grammaire, docteur ès lettres, qui a enseigné du collège à l’université, souhaite une réforme de l’orthographe après avoir fait le constat suivant :
« On observe désormais à l’université ce qu’on constatait il y a quelques années au niveau du primaire ou des premières classes de collège. En 1996, une enquête du ministère de l’éducation nationale a pris comme point de comparaison les années 1920. Et là, les résultats se sont avérés beaucoup moins flatteurs pour les élèves de 12-14 ans de 1995, qui faisaient 2,5 fois plus de fautes que leurs camarades des années 1920. La maîtrise orthographique, surtout en orthographe grammaticale, chute indéniablement. »
Les explications données sont :
« Aujourd’hui l’enseignement de l’orthographe est réparti à la fois sur l’école élémentaire et sur les collèges, chaque niveau se reposant sur l’autre. Même à l’université, on se montre plus tolérant. Jadis, on ne pouvait pas être un bon élève avec des dissertations bourrées de fautes. Ce n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui. Dans les IUFM, on explique aux futurs enseignants que l’orthographe, ce n’est pas aussi important que le reste. De manière générale, la maîtrise de l’orthographe est moins valorisée. » Source
(Merci à Bump55)