Bernard Kouchner et Brice Hortefeux ont reçu en grande pompe jeudi deux familles irakiennes, l’une chrétienne et l’autre musulmane, portant à 500 le nombre d’Irakiens membres de minorités menacées accueillis en France. Les associations s’inquiètent cependant du sort de leurs compatriotes arrivés par leurs propres moyens qui deviennent souvent des clandestins.
Cette initiative avait été évoquée en mars par M. Kouchner, ministre des Affaires étrangères, en faveur des chrétiens après l’assassinat de l’archevêque chaldéen de Mossoul. Cette restriction ayant été déplorée par des organisations humanitaires et caritatives, ce programme d’accueil s’applique finalement à l’ensemble des minorités. «Le principe, c’est que nous accueillons des minorités persécutées d’Irak. Parmi elles, les chrétiens chaldéens constituent une majorité», a affirmé le ministre de l’Immigration Brice Hortefeux. Sur 500 bénéficiaires de ce dispositif lancé en mai, environ 80 % sont chrétiens, selon le cabinet de M. Hortefeux.
«Sur notre territoire un certain nombre d’Irakiens sont laissés littéralement à la rue», a commenté Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile (FTA), partenaire de cet accueil.(AFP) «Ils devront prouver qu’ils sont individuellement victimes de persécution, rappelle un agent de l’Ofpra, faute de quoi ils seraient déboutés et se retrouveraient réduits à la clandestinité pour rester en France». (source)
Les Assyro-Chaldéens vivant en France seraient aujourd’hui environ 16 000 dont 4000 à Sarcelles, en banlieue parisienne. Avant l’invasion américaine de mars 2003, la communauté chrétienne d’Irak totalisait quelque 800.000 membres, soit 3% environ de la population.(source)
Les heurts intercommunautaires en Irak conduisent certains à s’interroger: «La fin des chrétiens d’Irak, et demain peut-être de ceux du Liban, de Palestine, de Syrie ou d’Egypte, signifierait que le dialogue des cultures n’est plus possible, que les communautarismes ethniques et religieux l’emportent sur l’universalisme, que le vivre-ensemble mondial dans la diversité de nos civilisations que, croyants et incroyants, nous essayons de construire, n’est qu’un leurre» . (Le Monde)