Lu dans Libération
« C’était l’été. N. marchait dans la rue. A hauteur d’un minibus, la jeune femme a vu le bras du chauffeur passer par la fenêtre et lui empoigner violemment les seins.
Sans être banale, la scène est loin d’être exceptionnelle. C’est même une triste réalité pour une majorité des femmes qui vivent au Caire et l’ont au moins vécu une fois. D’ordinaire, elles explosent de colère, sans pouvoir faire plus.(…)
[En 2006], lors d’un jour férié, une foule d’hommes surexcités avaient attaqué sans distinction des femmes circulant en ville. «Voilées ou pas, vieilles ou jeunes, ils leur ont sauté dessus en essayant de les toucher partout», ont rapporté des témoins.
Ce ne sont pas tant les faits eux-mêmes, pas spécifiques à l’Egypte, qui ont provoqué le scandale, que l’absence de réaction de la police et des autorités, dans un pays où le moindre mouvement de foule est d’ordinaire sévèrement réprimé.
Le scandale a pris de l’ampleur quand le ministère de l’Intérieur a violemment nié que l’incident ait pu avoir lieu, accusant des blogueurs qui avaient dénoncé les faits, films à l’appui, de chercher à nuire à la stabilité du pays. Un crime relevant de la loi d’urgence.
«Ces femmes qui traînent dans la rue, elles le cherchent, non ?» note Ahmed Zayed, vendeur dans une pharmacie. Cet homme de 25 ans estime que la place des femmes est «à la maison». (…)
F, étudiante en lettres, est furieuse contre la campagne qui fait fureur sur le Web : une photo montrant deux sucettes, l’une avec son emballage, l’autre sans et couverte de mouches. Au dessus, un slogan : «Voile ta sucette». Le message est clair : pour ne pas être importunée, sois décente.
F. est voilée. Ça ne l’empêche pas d’avoir droit, quasi quotidiennement, aux sifflets et aux réflexions de nature sexuelle. «Les voilées sont agressées autant que les autres», souligne la militante E., qui voit dans le harcèlement le signe d’une frustration intense.
Selon Irin, l’agence d’information des Nations unies, il y aurait 55 viols par jour en Egypte. Ils ne font quasiment jamais l’objet de plaintes. (source) (via Artichaud)
Vidéo : “Le viol, c’est à cause des mini-jupes”. Reportage en Novo-Francia, 2007.
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/relevance/search/viol%2Bbanlieue/video/xrcqm_je-suis-une-proie-facile-car-franai_events[/dailymotion]