Aux alentours de la rue des Amandiers, les commerçants sont nombreux à avoir été attaqués. Les agresseurs seraient très jeunes.
Quand elle les a vus, la capuche sur la tête, l’écharpe nouée qui laisse juste passer les yeux, elle s’est dit : «Voilà les emmerdes qui arrivent.». C’était avant Noël, il était 19 heures. Elle se trouvait derrière la caisse de sa boutique de fleuriste du XXe arrondissement. La recette d’un samedi – à peine deux cents euros – dans cette petite rue peu fréquentée. Michelle a la soixantaine frêle. Elle a donné la caisse à ceux qu’elle pense être deux adolescents d’origine africaine. L’un d’eux a lancé : «Le portable, le portable !» Ils ont emporté l’ordinateur. Comme elle se retournait, ils l’ont tapée avec ce qu’elle croit être une arme, en tout cas un objet métallique. Tapée, retapée, «avec frénésie. Pourtant ils n’étaient pas énervés quand ils sont rentrés», dit Michelle. Son voisin, tailleur, ne l’a pas reconnue tant elle saignait. «Je n’y voyais plus rien», dit-elle. Michelle a douze entailles dans le crâne. Aux urgences, on lui a fait plus de soixante points de suture.(…)
Juste à côté de la boulangerie, le gérant d’un supermarché, d’origine africaine, a été «braqué» voilà trois mois. Un complice attendait sur un scooter. Les manutentionnaires ont tout vu. Mais selon le gérant, ils n’ont pas osé témoigner. Récemment, il confie que des jeunes du quartier sont venus «mettre un peu de pression» pour les en dissuader.(…)
Un fonctionnaire qui travaille ici, mais souhaite garder l’anonymat, parle d’un groupe de jeunes de 13-15 ans qui pose problème, bénéficie d’une «impunité totale». Les policiers marchent sur des œufs. «Ils font attention à ce que les arrestations ne soient pas vécues comme des provocations», dit-on à la mairie du XXe. Beaucoup évoquent le précédent causé par l’affaire Lamine Dieng, jeune homme décédé après une arrestation musclée en juillet 2007. Des intrusions et des cambriolages dans les services publics ont été recensés. «On retrouve à Paris des jeunes de moins de 14 ans très violents et on ne sait pas quoi en faire», confirme une source municipale.
Source : Libération (via artichaud)