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Une tribune libre de Paysan Savoyard
L’élite française, et notamment son pôle intellectuel (écrivains, journalistes, artistes, enseignants), en est donc arrivée à ne plus aimer la France ; à ne plus aimer la civilisation française et européenne ; à parfois même les haïr.
Cette haine de soi est plus ou moins marquée. Certains se résignent au bouleversement voire à la disparition de la civilisation française et européenne, jugés par eux inéluctables : convaincus qu’il est vain de lutter contre un phénomène irréductible, ils estiment qu’il vaut mieux l’accompagner et ménager une transition, afin de limiter les tensions. D’autres (ceux que Renaud Camus appelle « les amis du désastre ») vont jusqu’à souhaiter ces cataclysmes et s’en repaissent par avance. Quelles peuvent être les raisons de cette étrange abdication ?

La première explication de l’attitude de renoncement national adoptée par l’élite concerne surtout la gauche. Beaucoup de gens de gauche, dirigeants ou simples militants, ont fait du chemin depuis les années soixante-dix : ils ont vieilli, sont devenus aisés et même parfois riches. Il leur devenait dès lors difficile de dénoncer l’argent puisqu’ils en sont désormais bien pourvus eux-mêmes ; ou de continuer à se situer dans le registre de la lutte des classes, étant devenus membres à part entière de la couche dominante.
C’est alors que leur est venue l’idée magistrale de remplacer, par un tour de passe-passe spectaculaire, le contenu même de la mission impartie à la gauche. L’argent et les capitalistes ne sont plus désormais des adversaires. Les classes populaires d’antan ne sont plus des alliées (au contraire elles votent souvent Front national). La vocation de la gauche dorénavant est de s’intéresser avant tout à ceux qu’elle nomme les « exclus » : immigrés, ressortissants du tiers-monde, SDF, délinquants des cités.
La seconde explication est que l’élite trouve intérêt à un monde « mondialisé », qui multiplie pour elle les opportunités et les occasions d’enrichissement (il y aura lieu de revenir sur ce point à une autre occasion).
Nous voulons ici montrer qu’il existe à l’incroyable emprise, au sein de l’élite française, de la culture de la résignation, de la négation de soi et de l’autodestruction, une autre cause, plus profonde encore, plus souterraine.
Cette cause est à notre avis la suivante : l’on peut dire que tous les grands courants d’idées qui, dans notre pays, ont occupé une place ces trois derniers siècles, convergent aujourd’hui pour aboutir au dégoût de soi et au renoncement.
On peut en dresser la liste suivante : le discours de l’Eglise ; l’altermondialisme des communistes et de l’extrême-gauche ; la pensée 68 ; le courant du libéralisme économique ; le courant humaniste ; le courant du nihilisme philosophique ; le discours des intellectuels juifs. S’ajoute l’obsession de la seconde guerre mondiale, qui constitue comme une toile de fond.
Ces différents mouvements d’idées se recoupent, congruent et s’additionnent. Par exemple les courants de gauche (les communistes, les soixante-huitards…) sont à la fois issus des Lumières et des philosophies nihilistes. Cette convergence conduit d’ailleurs à la combinaison des opposés : la négation de l’individu (communiste) et son exaltation (anarchiste et libérale) se rencontrent. La gauche la plus dirigiste et la droite la plus libérale se rejoignent dans un commun rejet de la France et de l’Europe. Les libéraux-libertaires incarnent la fusion des contraires. Les athées et les croyants communient dans le même rejet de l’Europe chrétienne. Tous ces courants confluent sur ce point focal, siège du drame Français et Européen qui est en train de se jouer : le renoncement à être et à rester nous-mêmes.
Cette haine de soi aboutit à mettre en cause en premier lieu la patrie, la nation et plus généralement la civilisation européenne elle-même, au profit de l’universalisme. Mais notons qu’elle conduit également l’élite et ceux qui la soutiennent à mettre en cause la plupart des autres principaux cadres de notre société : la famille (au profit de l’homoparentalité et de la libération des comportements) ; le travail (auquel on substitue une forme de droit au diplôme, de droit à l’assistanat et de droit de refuser d’occuper les emplois manuels et d’exécution) ; l’Etat (auquel sont préférés une décentralisation toujours accrue et un monde associatif idéalisé) ; la religion (au profit de l’athéisme militant d’une part, du multiculturalisme de l’autre).
Nous nous proposons, à l’occasion de prochains articles, de revenir sur chacun de ces courants d’idées, coresponsables de l’effondrement en cours.

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