Elle s’appelle Sandrine, elle a 41 ans, 2 enfants, vit à Maisons Alfort (Val de Marne). Elle est cadre à la Poste et gagne 2 300 €/mensuel (sans 13è mois). Elle représente parfaitement ce qu’il est convenu d’appeler la classe moyenne. Aujourd’hui, elle pousse un coup de gueule, car elle est exaspérée par le sentiment, déjà exprimé par beaucoup, d’un lent déclassement au fil du temps.
Elle en vient d’ailleurs très vite à sa vie quotidienne qui s’apparente à une liste de mauvaises nouvelles : «Horreur, mon chariot pour dix jours de nourriture me revient à 300 €. Du temps des francs, j’avais la même quantité pour 1 000 F (…). Mes impôts locaux ont augmenté de 60 % alors que la mairie annonçait 17 %. Malgré mes demandes, je n’arrive pas à savoir comment cela a pu augmenter autant. Et l’impôt sur le revenu ! Je ne gagne pas plus que l’année précédente mais avec les nouvelles tranches, il a augmenté de plus de 100 € par mois. »
Sandrine dit ne pas être contre les « réformes », au contraire, mais juge qu’« il y a eu plein de choses qui ont été faites sous le chapeau, sur lesquelles il a été très peu communiqué, et aujourd’hui les classes moyennes se rendent compte à quel point elles sont lésées ».
Alors, Sandrine est en colère et le fait savoir. Elle reprend les arguments qui abondent dans nombre de messages (les milliards prêtés aux banques, le pouvoir d’achat, etc.) mais conclut son mail sur une tonalité témoignant d’un décrochage qui ne peut laisser insensibles les décideurs de ce pays. Voici donc son ultime paragraphe :
« Je n’ai pas voté Sarkozy, je ne crois pas en Ségolène… Au final, moi qui m’intéressais à la politique auparavant parce que je trouvais que l’engagement de certains de nos hommes politiques avait un sens, je ne m’y intéresse plus du tout. Je ne suis que spectatrice et fondamentalement déçue de voir que le pouvoir prend le dessus par rapport à des idéaux politiques fondés sur des valeurs de république et de citoyenneté…»
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