Le traité de Karlowitz fut signé en 1699 à Sremski Karlovci, ville aujourd’hui située en Serbie. Il concluait la guerre faisant suite à l’échec du deuxième siège de Vienne par les Ottomans en 1683.
Ce traité très important marque le début du recul turc en Europe : avant 1683, les troupes ottomanes occupaient, entre autres terres européennes, le centre de la Hongrie, dont Buda, et stationnaient à 200 km seulement de la capitale autrichienne…
Par ailleurs, l’Autriche acquiert à cette occasion des territoires très importants (la majorité de la Hongrie, la Transylvanie et la Slavonie) qui vont lui conférer son côté danubien, bien éloigné de l’aspect fortement germanique qui la marquait jusque-là, et en font la puissance dominante dans le sud-est de l’Europe. D’autres puissances s’emparent certes de territoires, mais soit les perdront rapidement (comme la Morée, occupée moins de 20 ans par Venise), soit sont déjà sur le déclin (comme la Pologne-Lituanie). Quant à la Russie, autre grand vainqueur, elle s’empare de territoires lui permettant de disposer d’une réelle ouverture sur la mer Noire.
Un autre aspect, enfin, est particulièrement important, cette fois pour les peuples balkaniques : c’est durant cette guerre qu’entre 50.000 et 200.000 Serbes fuirent – Arsenije III Crnojević, patriarche orthodoxe de Pecs en tête – le Kosovo pour s’installer au nord du Danube, ce qui permettra aux Ottomans d’installer des Albanais musulmans dans ces territoires comptant auparavant une faible proportion de populations islamisées, et à l’inverse rendront les Serbes majoritaires dans ce qui est devenu depuis la Voïvodine, territoire auparavant peuplé de Hongrois.
Enfin, pour la petite histoire, c’est à la suite de l’échec du siège de Vienne que sont nés le cappuccino et le croissant.
Le cappuccino serait le résultat du mélange de café, abandonné par les Turcs après leur retraite, avec de la crème pour en atténuer l’amertume ; son nom est un rappel de la couleur de la robe des Capucins. Le croissant, lui, a été inventé pour fêter la victoire sur les Turcs musulmans, dont l’emblème était évidemment le croissant islamique ; cette origine autrichienne de cette gourmandise est d’ailleurs attestée par le nom de “Viennoiseries” donné à ces spécialités accompagnant souvent les petits-déjeuners.