Le nouveau ministre de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, Eric Besson, s’est rendu à Calais où sept ans après la fermeture du centre de Sangatte, des milliers de migrants illégaux continuent d’affluer. Il a pris «l’engagement de venir apporter des solutions concrètes avant le 1er mai» et souhaite «rendre la frontière maritime entre la France et la Grande-Bretagne étanche aux migrants». Redoutable défi pour un ministre «d’ouverture».
La fermeture du centre de Sangatte n’a pas fait disparaître les migrants. Toujours aussi nombreux, ils se sont dispersés dans les ports du littoral de la Manche mais Calais, où les liaisons transmanche sont les plus nombreuses, reste le principal aimant. Certains soirs, l’association Salam distribue jusqu’à 700 dîners. Les clandestins se regroupent par affinité culturelle et ethnique. Ici se réfugient les Asiatiques, notamment les Afghans. Les Africains, eux, occupent des squats en centre ville, dans un état à peine plus digne. Gales, furoncles, abcès… se répandent, comme les épidémies de gastro-entérite et de grippe de l’hiver. Des cas de tuberculoses ont même été détectés.
Les associations (Collectif C’Sur, Secours catholique) demandent l’ouverture d’un accueil de jour digne mais la nouvelle maire UMP, Natacha Bouchart s’y oppose, voulant changer l’image de sa ville. La Chambre de commerce dépense quelque 13 millions d’euros par an dans la sécurité du port. Les effectifs de la gendarmerie et la police aux frontières ont été renforcés. Mais le flux des migrants ne se tarit pas.
De sources policières, 35 500 personnes ont été interpellées sur le Calais en 2008, dont 11 000 ont été placées en garde à vue. Des coups d’épée dans l’eau : nombre de ces étrangers ne sont, de droit ou de fait, pas reconductibles dans leur pays, et donc relâchés. Ceux qui sont éloignés après un passage en centre de rétention le sont, le plus souvent, dans le cadre d’une procédure de réadmission vers un autre Etat européen. Peu sont découragés de revenir tenter leur chance car nombreux sont ceux qui parviennent à leur fin. Le nombre de migrants à Calais se maintient autour de 700. Pourtant, de nouveaux venus arrivent tous les jours, constatent les associations. C’est donc bien qu’ils finissent par franchir la Manche. La maire estime que 400 à 500 personnes passent chaque mois.
Les associations demandent que «ces passages se passent le moins mal possible».
(Le Monde 1, 2)