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LE MONDE – (…) Les Gaulois ? Comme le dit dans un sourire résigné l’archéologue Christian Goudineau, professeur au Collège de France, tout le monde garde les mêmes clichés en tête : des moustachus batailleurs et frustes, arriérés et débonnaires, vaguement sylvestres, redoutant que le ciel leur tombe sur la tête. Avec, en face, la puissance civilisatrice de Rome. Ses temples immaculés, son urbanisme tiré au cordeau, ses institutions d’airain, ses légions en ordre. Ce face-à-face fantasmé et obligatoire forme une histoire simple.
Un récit, remarque l’archéologue Matthieu Poux (université Lyon-II), forgée pour l’essentiel au XIXe siècle, en des temps où la France constituait son empire colonial. Une histoire simple, donc, et surtout bien commode. Car elle permet au colonisateur de dire en substance, à ceux qu’il vient de réduire : “Nous aussi, nous avons un jour été conquis et civilisés par d’autres… Alors pourquoi pas vous ?” Histoire simple, histoire fausse.
Dans les années 1960, les premières observations d’archéologie aérienne, menées par Roger Agache, font tomber un premier cliché fondamental, parfois encore enseigné aux écoliers : celui d’une Gaule “chevelue”, couverte de forêts, comme l’avaient qualifiée ses conquérants romains. Erreur ! En lieu et place de ce territoire présumé presque vierge de toute agriculture, ce sont des terroirs aménagés autour de grandes exploitations agricoles qui apparaissent sous l’objectif aérien de Roger Agache. Un ensemble de pays mis en valeur, dont l’organisation compte encore pour beaucoup dans l’aspect actuel de nos campagnes.

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