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De temps à autre, surgit une bouffée de lucidité dans la morne plaine aseptisée qu’est devenue la presse écrite. Laurent Dandrieu, rédacteur en chef adjoint à Valeurs actuelles, compare la façon dont est perçue la défense de l’identité selon que les peuples qui s’en réclament sont d’origine européenne ou non.

On ne se lasse pas de s’émerveiller de la façon dont les mots changent de sens, ou de coefficient de moralité, suivant le contexte ou celui qui les emploie. Prenez “identité”, par exemple. Menée par des peuples européens, une lutte identitaire n’est forcément qu’une “dérive populiste” qui ne saurait manquer de rappeller les “zheures-les-plus-sombres-de-notre-histoire”, au mieux une résistance absurde à “l’inéluctable uniformisation européenne”. Menée par un peuple d’Asie ou d’Afrique, elle devient aussitôt une défense légitime de ses us et coutumes face à l’“impérialisme occidental” et à une mondialisation abusivement nivellisatrice.
Le dalaï-lama se verra régulièrement saluer pour sa défense courageuse de son identité culturelle et spirituelle, tandis que Benoît XVI, à chaque fois qu’il tente d’écoper la barque de l’Eglise catholique, se voit stigmatisé pour cause de “repli identitaire”. En France, l’annonce par le candidat Sarkozy de la création d’un ministère de l’Identité nationale fut perçue comme une telle provocation à l’égard du magistère médiatique qu’aussitôt nommés, ses titulaires successifs s’empressèrent de préciser que l’identité “républicaine”, c’était bien évidemment “l’accueil de l’autre” et la France comme terre indiscutable d’immigration. Mais lorsqu’il s’agit de Guadeloupe, comme par miracle, la “lutte identitaire” des partisans d’Elie Domota est relatée par les médias parisiens comme la légitime rébellion des “descendants d’esclaves” contre un “système colonialiste”.
Où l’on voit une fois de plus qu’à Paris, la phobie anti-identitaire est d’abord et surtout une haine de soi.
(Valeurs actuelles)

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