Alors que l’on commémore le 200e anniversaire de la naissance de Charles Darwin et du 150e anniversaire de la publication de son ouvrage L’Origine des Espèces, les professeurs de sciences de la vie et de la terre (SVT) et de philosophie sont de plus en plus confrontés aux critiques d’inspiration créationniste de certains de leurs élèves, le plus souvent de confession musulmane.
Le créationnisme est une théorie selon laquelle la création du monde s’est effectuée selon la description qu’en fait la Genèse. Elle est assez répandue dans certaines Eglises protestantes. En France, c’est surtout par le biais de certains courants musulmans qu’elle se manifeste.
«Nous avons depuis 5-6 ans des retours du terrain qui indiquent une montée du créationnisme en France alors qu’auparavant, c’était exceptionnel», dit Annie Mamecier, doyenne du groupe des Sciences de la vie et de la terre à l’Inspection générale de l’Education nationale. Mme Mamecier évalue «entre 5 et 10%» le nombre d’élèves qui expriment durant les cours ou sur leurs copies leur hostilité aux théories de Darwin et précise que «les élèves qui manifestent le plus sont d’origine musulmane». «Ca s’est traduit par de petits ricanements quand je parlais. Les élèves cherchaient à me tourner en dérision. Un élève m’a dit «Non, non, dans le Coran, ça n’est pas écrit cela!”», raconte-t-elle. Les élèves contestataires «puisent leurs informations sur internet, sur des sites créationnistes, antidarwiniens, comme le site du turc Harun Yahya». En janvier 2007, ce prédicateur avait envoyé massivement aux établissements scolaires l’Atlas de la Création, un livre développant au nom du Coran les thèses créationnistes.
D’après Pierre Clément, professeur à l’université Lyon 1 et co-auteur d’une étude sur le créationnisme effectuée dans dix-neuf pays, la France compterait 2% de professeurs créationnistes, «à comparer avec les «50% de profs créationnistes au Liban ou au Burkina Faso». (source)