Jacques Seguela, le publicitaire pour qui la vie d’un homme de 50 ans se résume à la possession d’une Rolex, vient d’avoir une révélation. Lui, qui durant toute sa carrière n’a cessé d’inciter à la surconsommation, découvre subitement que la crise actuelle est en fait «une crise de civilisation» et qu’il serait temps de retrouver nos racines afin de «consommer mieux».
Notre crise bancaire, financière, politique et sociale est en fait une crise de civilisation. Elle n’est pas née brusquement d’un surplus de subprimes ou d’une faillite bancaire. Elle germe depuis deux décennies, par petites touches subversives que nous n’avons pas voulu voir. (…)
La descente aux enfers de notre pouvoir d’achat a fait déborder le vase. Le consommateur est entré en alterconsommation: consommer moins, consommer mieux. 60 % de nos compatriotes affirment économiser sur leur quotidien pour s’offrir plus de loisirs. Nos stations de ski affichent un taux de remplissage record. 75 % sont prêts à payer plus cher les produits respectueux de l’environnement.
C’est notre mode de vie qui change de mode. En 30 ans, le pouvoir d’achat a doublé, sommes-nous deux fois plus heureux pour autant? Et de faire de l’acte de consommation un acte civique. Manger des fraises en hiver: aberrant. Rouler en 4×4 en ville : provoquant. Faire des courses à 30 minutes de chez soi dans un hyper: exaspérant. Retour à la famille, au terroir, aux racines, au goût des choses simples, aux vertus de l’échange et du partage. Cette année noire signe l’échec de l’individualisme. Adieu la frime, bienvenue dans le monde de l’altruisme et de l’alterconsommation.
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