45 000 € d’amende et trois ans de prison ferme. C’est ce qu’encourent quinze agences et particuliers d’Ile-de-France, « piégés » en novembre dernier par la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde), au cours d’un « testing » effectué dans leurs locaux. Pour la première fois dans l’histoire de l’institution, créée en 2005, celle-ci vient de transmettre les dossiers litigieux aux parquets compétents.
Pour mettre en évidence ces comportements, deux juristes de la Halde ont appelé 36 bailleurs, à quelques dizaines de minutes d’intervalle. « Les appels étaient enregistrés, détaille Michel Lernout, procureur de la République adjoint à Evry, en charge de la lutte contre les discriminations. L’un avait un nom à consonance africaine, avec un accent. Tous les deux présentaient des situations identiques, avec un emploi en CDI. Ils demandaient à effectuer une visite. » Parmi les agences prises en faute en refusant cette visite, deux d’entre elles ont engagé une procédure de licenciement à l’encontre d’un subordonné jugé fautif. L’un des agents immobiliers, lui, s’est justifié en disant qu’il possédait dans son portefeuille des clients africains, mais qu’il se fixait des quotas, ce qui est illégal.
« Il y a des clients qui nous demandent d’écarter les étrangers, reconnaît sous couvert de l’anonymat cet agent immobilier du secteur d’Evry. On refuse, et on leur explique les risques. Globalement, les gens sont plus souples qu’il y a trois ou quatre ans. Il ne devrait pas y avoir d’a priori. » D’autant que si le problème se pose en matière de location, paradoxalement, quand il s’agit d’une vente, l’argent est incolore… Source