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ULI WINDISCH professeur en sociologie, communication et médias à l’Université de Genève

Pour parler des incivilités, des violences et de la criminalité on se trouvait jusqu’ici face à deux attitudes opposées: la dramatisation et l’excuse sociologique. Cette dernière en attribue les causes à LA Société et non à l’individu délinquant. Ce dernier ne peut être responsable puisqu’il est surdéterminé par des forces sociales contre lesquelles il ne peut rien tant elles sont puissantes. Cette façon d’expliquer, utilisée d’abord par les «spécialistes», a été reprise par l’ensemble de la société, délinquants compris.
Une troisième tendance apparaît depuis peu, du côté des autorités et même des responsables de la justice et de la police; elle consiste à minimiser la criminalité. Exemple: en France pendant la nuit de la Saint-Sylvestre la tradition d’incendier des voitures est devenue un phénomène attendu, presque normal; les autorités donnent l’impression de se contenter de produire des bilans chiffrés en soulignant la hausse ou la baisse d’une année à l’autre. Citons un titre d’annonce du début 2009: «Plus de voitures brûlées mais pas d’incident grave». Des voitures brûlées, ce n’est pas grave? Ces voitures appartiennent pourtant souvent à des familles défavorisées vivant dans des quartiers difficiles et dangereux et dont l’acquisition a été le résultat d’un long travail et de durs sacrifices.
On précise le bilan: «445 véhicules brûlés contre 372 l’an dernier». Le Ministère de l’Intérieur ajoute: «Malgré ce bilan, la nuit du réveillon a été unanimement perçue comme plutôt calme et sans incidents notables», soulignant n’avoir recensé «aucun dégât aux biens immobiliers publics ou privés»; puis «seuls quatre fonctionnaires de police ont été légèrement blessés»; «Très peu de prises à partie de véhicules de sapeurs-pompiers ou d’affrontements avec les forces de sécurité… lorsqu’ils se sont produits ils ont été brefs et sporadiques»; on s’étonne que dans tel quartier «il n’y a eu qu’une petite trentaine d’incendiées» ( données du site du gratuit «20Minutes» du 1er janvier 2009).
On croit rêver en lisant cette minimisation, surtout en provenance des autorités responsables de «l’ordre public». Pointer cette minimisation devrait faire comprendre qu’elle ne peut être acceptée par ceux qui sont touchés concrètement, et par la grande majorité de la population. «Que fait la police?» est certes une formule trop facile; on attend néanmoins un sursaut devant l’inacceptable pour presque tous.
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Merci à John

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