Les roms sont de plus en nombreux, près de 300, à trouver refuge près des grands magasins du boulevard Haussmann. Le maire du IX e , qui s’est rendu hier à la préfecture, en appelle à l’Etat.
Dès 20 heures, chaque soir, ces dizaines de migrants de la communauté rom prennent place boulevard Haussmann, sous les arcades du Printemps et des Galeries Lafayette, le long des vitrines de C&A.
En quelques minutes, les matelas, habits, vivres et braseros, rangés le matin même dans les embrasures des portes cochères et sous les plaques d’égout, sont extraits de leurs cachettes précaires et installés le long des trottoirs, à perte de vue : le campement est installé pour la nuit et sera levé, tôt le lendemain matin, vers 6 h 30, avant que les magasins n’ouvrent. Les « hôtes de la nuit », eux, passeront leur journée dans le quartier ainsi qu’aux portes de Paris, à tendre la main aux passants pour gagner de quoi vivre.
Peu à peu, cette vie interlope d’un genre nouveau est née là, au pied de l’Opéra, dans l’un des quartiers les plus touristiques de la capitale. Depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne, le 1 e r janvier 2007, les migrants, boutés hors de leur territoire, ont échoué sur les trottoirs parisiens.
Jacques Bravo, le maire (PS) de l’arrondissement, convaincu qu’il revient désormais à l’Etat de mettre en place un réel programme de prise en charge des Roms, rencontrait hier après-midi à ce sujet le préfet de région, Daniel Canepa.
« En une année nous sommes passés dans une autre dimension, soutient-il. Il nous est désormais impossible de gérer cette population en transhumance, qui n’attend rien de nous, pas même un hébergement d’urgence et dont ne se préoccupe pas leur pays d’origine. »
Le cas de ces migrants, qui inquiètent, gênent parfois, est devenu l’incontournable antienne des conseils de quartier Provence-Opéra et les commerçants du secteur ne cachent pas leur émotion. « Les gens vont finir par faire un détour. Ils ont peur », soupire la gérante de la brasserie le Printanier, rue Caumartin qui évoque l’incendie provoqué au début du mois dans l’une des bouches d’égout remplie de couvertures. Ce jour-là, la station de métro avait dû être évacuée. « J’ai mal au coeur pour eux, s’émeut une vendeuse du magasin H&M. Surtout lorsque je vois les enfants faire la manche par tous les temps… Et j’ai peur pour moi le soir, lorsque je rentre tard, même s’ils ne sont jamais montrés agressifs. »
source
via Pitch