L’issue semble fixée d’avance. Au soir de la consultation référendaire, dimanche 29 mars, cet archipel de 374 km2, entre le Mozambique et Madagascar, français depuis 1841 et peuplé de 186 452 habitants, pour la quasi totalité musulmans, devrait devenir le 101e département français, selon l’engagement du président de la République, Nicolas Sarkozy. Il sera le cinquième en Outre-mer avec la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion.
Telle qu’elle figure dans le document officiel, en français et en arabe, la question de la “transformation de Mayotte en collectivité unique, régie par l’article 73 de la Constitution, exerçant les compétences dévolues aux régions”, est complexe, tant l’écart est considérable entre le plus africain des territoires d’Outre-mer et l’Hexagone.
La réponse s’annonce beaucoup plus simple. Tous les partis politiques, de droite et de gauche – y compris le Parti communiste local, en contradiction avec ses dirigeants nationaux -, mais aussi les syndicats et les patrons font cause commune pour le “oui”. L’avenir du processus est lié au sort des quelque 60 000 clandestins anjouanais, comoriens et depuis peu africains des Grands lacs, qui continuent d’affluer sur les côtes.
Depuis 2000, l’Etat a commencé, non sans difficultés, à rapprocher le droit local et ancestral du droit commun, national. La polygamie est désormais interdite et de nouvelles règles du mariage, de la famille et des successions vont être instaurées. Les Mahorais comptent sur la “solidarité nationale” et attendent de l’Etat un effort considérable de rattrapage en équipements et en infrastructures, pour le logement, la santé, l’éducation et le développement économique. Yves Jégo, le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, l’a chiffré à 200 millions d’euros par an pour atteindre l’échéance de l’intégration d’ici 20 ans ou 25 ans. Le temps d’une génération. Source