Une histoire de discrimination qui ne fera sans doute pas la une des journaux. A Bonneuil (Val-de- Marne), 2 élèves kurdes, considérés comme étrangers à la commune, ne veulent plus retourner au collège en raison des menaces proférées par des jeunes issus de la diversité. L’inspecteur d’académie du Val-de-Marne, Didier Jouault, reconnaît que «le phénomène des bandes est en train, doucement, de se développer».
Cela fait trois semaines que Vedat ne va plus au collège, à Bonneuil (Val-de- Marne), et qu’il reste chez lui, à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de- Marne) : «Je voudrais bien retourner en classe mais pas là-bas, j’ai trop peur.» Avec son cousin, Vedat a été victime d’une bande locale devant le collège Paul Eluard : «Ils nous attendaient à la sortie, ils nous ont crié qu’on n’était pas de Bonneuil, qu’on n’avait rien à faire là.»
La première fois, le 3 mars, Vedat et son cousin n’ont rien dit en rentrant chez eux. «Il y en avait un qui avait sorti un couteau et qui nous avait menacés si on parlait.» (…) Ce n’est pas la première fois que des élèves «étrangers» à Bonneuil sont ainsi visés. Plusieurs sont même partis parce qu’ils étaient de Boissy ou de Limeil-Brévannes. Deux autres communes du département, avec de grandes zones de pauvreté et de nombreux logements sociaux, connaissent ce type de problèmes. Il y a six mois, à la suite de heurts entre «la bande de Bonneuil» et celle de Créteil, un comité local de sécurité a été constitué en urgence, autour du maire, du commissaire, du procureur, d’associations, etc.
Son cousin a déjà retrouvé un collège. Mais Vedat, lui, a dû attendre. Il est dans une classe de Segpa (section d’enseignement général et professionnel adapté, réservée aux élèves en difficultés). Or tous les collèges n’en possèdent pas et les classes sont limitées à seize élèves. De plus son père ne veut pas qu’il aille loin :«C’est trop dangereux dans la région.»
(Libération)
