Ca se passait en novembre 2005, alors que la banlieue parisienne s’enflammait : une journaliste du Monde allait enquêter au coeur de la Cité des 4000. Qu’est devenue Christine C. aujourd’hui ?
Christine en a marre. Au coeur de la cité des 4 000, son petit appartement propret tranche avec le hall déglingué et le paysage sale et lugubre de “Balzac”. (…)
Une bande qui avait établi son territoire en bas de chez elle la provoquait verbalement chaque fois qu’elle entrait chez elle. “C’était des petits mots, des insultes. A un moment, ça bouffe la vie. Ici, le droit à la tranquillité se paie cher.” (…)
Elle y a été caissière, femme de ménage, nounou, distributrice de prospectus, repasseuse. Elle y a élevé ses cinq enfants.(…) Christine ne vote plus mais pourrait se retrouver à l’extrême droite. Parce qu’elle en a assez, dit-elle, de ne parler à personne, de croiser des femmes voilées qui ne la regardent pas, de devoir accepter que les femmes restent à leur place et ne se mélangent pas, de ne pas trouver un bout de viande correcte, d’entendre le Coran à fond sur des cassettes, d’être regardée d’un drôle d’air si elle fume pendant le ramadan. “C’est un tas de petits trucs qui vous font craquer. Maintenant, je me sens carrément isolée, je suis une toute petite minorité. C’est difficile de devenir une minorité chez soi, vous savez.”
Christine croyait au socialisme, elle n’a pas supporté les années Mitterrand, qui l’ont laissée parquée dans une cité de non-droit. Elle en veut à SOS-Racisme, qui a contribué à créer, dit-elle, un statut de victimes pour les minorités, provoquant un repli communautaire qu’elle n’avait pas connu avant.
Son fils de 25 ans s’est converti à l’islam. “Je le vis très mal, ça me rend malade. Il y a tellement de femmes qui meurent pour leur liberté et voilà qu’il me reproche de ne pas être voilée, il fait la morale à ses frères parce qu’ils boivent de l’alcool, il me dit que je suis le diable, il s’est mis dans la tête de me convertir. C’est très violent.” (…)
Dans cette histoire de banlieue embrasée, il y a quelque chose que Christine ne comprend pas : qu’on trouve des excuses aux casseurs…
Merci à Latine