La dernière création de Jan Fabre caricature la tolérance actuelle au racisme, à la xénophobie ou à la pornographie. Une « tolérance » qui profite aux industries capitalistes et transforme les êtres en fantômes obsédés par la jouissance immédiate.
« Que reste-t-il de notre idéal de beauté » dans un monde où « tout s’achète », « se peut », « est normal » ? s’enquiert Jan Fabre. L’Orgie de la Tolérance creuse la question. Sans concession. La violence de l’exploration est même à la hauteur du problème. Le spectacle dresse un panorama de toutes les tares du capitalisme : l’addiction (sexe, drogue, argent, objets) qui masque le vide, le culte du plaisir et de la performance qui signent la mort du Désir, et les relents de conservatisme censés enrayer la peur de l’Autre.
Toutes ces dérives sont illustrées par des saynètes désopilantes, crues et perverses.
Une diatribe contre le XXIe siècle
Jan Fabre et ses performeurs s’inspirent des sketches des Monty Python.
La pièce s’ouvre sur un concours de branleurs entraînés par des coachs sportifs et vêtus comme des chasseurs. Une femme prolonge sa libido sur un sofa Chesterfield et supplie son sac Vuitton de faire des bébés. Trois femmes accouchent dans un supermarché, au-dessus de leurs caddies : elles enfantent des armes, des chips et un bébé Chesterfield… Des caddies dansent un ballet sur Le beau Danube bleu de Strauss.
Un couple achète une moitié de tableau dans une galerie d’art, parce que l’œuvre s’accorde avec la couleur des yeux de l’épouse. Un prof d’expression corporelle apprend à ses élèves à canaliser l’énergie d’un billet de banque. Un patron de magazine de mode homosexuel transforme un certain JC (qui porte une croix) en fashion victim. Des consommateurs enfumés et drogués libèrent leurs inhibitions : fuck les Arabes, les Juifs, les Serbes, les bisexuels, les prêtres catholiques, les suicidaires !
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