Bien que le sujet n’ait quasiment pas été abordé au G20 de Londres, le problème des actifs “toxiques” cachés dans les bilans des institutions financières donne peu de signes qu’il soit en voie de résorption. Or presque tous les économistes s’accordent à dire que tant que le bilan des banques n’est pas nettoyé, elles se méfieront les unes des autres, ne prêteront pas aux acteurs de l’économie et empêcheront toute reprise substantielle de la croissance.
Le FMI estime ainsi que les actifs “toxiques” émis par les établissements financiers américains devraient totaliser 3.100 milliards de dollars d’ici la fin 2010, contre 2.200 milliards estimés précédemment. L’institution internationale calcule par ailleurs que 900 milliards d’actifs toxiques ont été émis par des établissements européens et asiatiques. Le rapport du FMI en question devrait être publié le 21 avril, selon le Times. Les estimations pourraient changer d’ici là.
Les actifs “toxiques” sont souvent des dérivés d’emprunts immobiliers dits “subprime”, mais pas seulement. Les analystes s’accordent à dire que pendant la bulle de crédit qui a sévi jusqu’à 2006, les actifs toxiques ont concernés bien d’autres classes d’actifs : dettes d’entreprises, notamment pour des rachats à effet de levier (LBO), crédit aux particuliers… A cela, il faut ajouter les actifs devenus “toxiques” du fait de la dégradation brutale de la conjoncture depuis la fin 2008.
Au moins deux autres études sont venues récemment tempérer les espoirs d’une sortie de tunnel pour les banques.
Une étude de Mike Mayo, analyste financier chez Calyon Securities, a ainsi affecté les marchés, hier, en ravivant les inquiétudes sur les valeurs bancaires.
Cet influent analyste américain estime que les mesures récemment prises par les autorités pour renforcer le secteur bancaire pourraient ne pas suffire et que les taux de défauts sur les prêts accordés par les banques pourraient dépasser, d’ici fin 2010, ceux connus lors de la Grande Dépression des années 30. Ils sont actuellement de 2 % et devraient grimper selon lui à 3,5 %, contre 3,4 % dans les années 30.
Il recommande de sous-pondérer le secteur des banques, en tous cas des généralistes comme Citigroup, JPMorgan, Wells Fargo…, lesquelles n’ont pas encore déprécié beaucoup de leurs actifs, qui sont sous la forme de prêts. Les banques d’investissement détiennent davantage d’actifs sous forme de produits financiers enregistrés à leur valeur de marché (mark-to-market).
Pour Mike Mayo, le plan Geithner de rachat des actifs toxiques des banques ne les mets pas à l’abri de nouvelles injections de capital, voir de nationalisations.
De son côté, Goldman Sachs évaluait, dans une étude rendue publique le 25 mars, les pertes potentielles des banques de la zone euro à 922 milliards d’euros, en tenant compte de leur exposition à l’Europe centrale et orientale et aux Etats-Unis.
Sur ce montant estimé, un tiers environ a déjà été reconnu, ce qui revient à dire que les banques de la zone euro auraient encore 600 milliards d’euros de pertes à déclarer.
(Source: les echos)