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Emission Campus – 14 mars 2002 Contexte : le 8 mars 2002 à Evreux, un père de famille est battu à mort par une bande de 30 voyous, alors qu’il défendait son fils victime de racket. (article)
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=AX6BKCfQWZg[/youtube]

Extrait de l’intervention de A. F.
« Quand vous interpellez un délinquant, comme on dit, immédiatement, il parlera de cette trinité: la précarité, l’exclusion et le chômage. Et il dira “je suis une victime. Et je le sais.” Il fera sa propre “sociologie”

Quand un fasciste fait quelque chose de pas bien, on va pas lui chercher une enfance malheureuse… ou un petit blanc des États-Unis… Un lynchage du Ku Klux Klan, on se demande pas : « qu’est-ce qui a pu arriver pour que ce type… Il a été exclu, on lui a pas donné les moyens, la société est dégueulasse…»
Non ! On dit NON !

Le débat complet (30 minutes) est visionnable ici.
Le texte complet de la vidéo ci-dessus a été saisi.
Je pense que la démission va plus loin. Elle commence lorsque l’on décharge les individus de la responsabilité de leurs actes. (…) Vous me dites on veut comprendre [le meurtre d’Evreux] . Hé bien pas moi, pas au début. Je suis d’abord saisi, je suis sans voix devant ce carnage, devant ce massacre. (…) Il y a quelque chose qui devrait faire époque. On devrait s’arrêter un tout petit peu. Notre progressisme natif devrait vaciller.
On peut penser que nous sommes engagés depuis des lustre dans un processus de civilisation : de plus en plus de pudeur et d’égards par rapport à une société archaïque beaucoup plus violente. Il faut se poser la question de savoir si nous ne sommes pas engagés depuis quelques temps dans un processus de dé-civilisation, c’est à dire de la barbarie.
De plus en plus d’êtres se répandent sans égards justement, sans se laisser intimider par aucune antériorité, aucune extériorité, aucune supériorité. Et ça évidement ça fait très peur, mais il faut le regarder en face.
Il faut faire aussi la critique d’un certain progressisme politique qui réduit la réalité humaine à deux forces : les dominants et les dominés. L’idée derrière tout ça est que le mal procède de la domination. Donc, il y a un “crime”, qui est la domination, et une fois que ce crime de la domination sera évacué, puni, tout ira bien.
Mais quand vous y regardez de près, dans cette logique, les dominants ont toutes le tares : ils sont capitaliste, machistes, homophobes, sexistes etc. Les dominés, c’est l’inverse. Et donc la violence des dominés n’est qu’une “réponse” à la violence des dominants. Elle s’explique par ses causes. Elle s’excuse par ses causes.
Et tout ce que vous disiez prouve qu’on n’en est pas là. Dans le rap, on voit chez des “dominés”, qu’il faut mettre entre guillemets, un machisme qui a été, dans nos sociétés, sinon vaincu du moins considérablement édulcoré par les classes dominantes.
La situation dans laquelle nous vivons nous impose de sortir de ce simplisme, de ces facilités de discours, qui d’abord nous voilent la réalité au lieu de nous la montrer, et en plus peuvent servir d’alibi à la violence. (…)
Quand vous interpellez un délinquant, comme on dit, immédiatement, il parlera de cette trinité : la précarité, l’exclusion et le chômage. Et il dira “je suis une victime. Et je le sais.” Il fera sa propre sociologie.
Quand un fasciste fait quelque chose de pas bien, on va pas lui chercher une enfance malheureuse… ou un petit blanc des États-Unis… Un lynchage du Ku Klux Klan, on se demande pas : “qu’est-ce qui a pu arriver pour que ce type… Il a été exclu, on lui a pas donné les moyens, la société est dégueulasse…”
Non. On dit NON.

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