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Entre le 1er janvier 2008 et le 1er janvier 2009, un emploi en intérim sur cinq a été détruit en France. Cette diminution n’a pas de précédent, et conduit l’intérim a retrouver son niveau des années 90.
C’est ce que montre la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche des Etudes et des Statistiques) dans le dernier numéro de “Premières
Synthèses”.
Sans surprise, ce sont dans les secteurs de l’industrie et de la construction que l’intérim recule le plus. Les intérimaires ont payé au prix fort la défiscalisation des heures supplémentaires.
Que la part des actifs en intérim recule en temps de crise, ce n’est pas étonnant. Mais ce qui l’est plus, c’est la rapidité de cette décrue :
Volume de travail temporaire en équivalents-emplois à temps plein et nombre d’intérimaires en fin de trimestre:

(Source: DARES, Pôle emploi)

On peut voir sur ce graphique que la chute intervient dès le début du premier trimestre 2008. A cette période, on est encore en pleine affaire Kerviel, la crise des subprimes en est à ses débuts, on n’a pas encore entendu parlé des problèmes de Lehmann Brothers aux USA et de la Northern Rock en Europe, mais les économistes se demandent en combien de temps la crise financière va se transformer en crise économique.
Pendant ce temps là, les anticipations des entrepreneurs les conduisaient déjà à ne pas renouveler les contrats à durée déterminée et ceux des intérimaires, plutôt qu’à diminuer le recours aux heures supplémentaires.
En effet, habituellement, la première variable d’ajustement ce sont les heures supplémentaires et le chômage partiel.
Nombre moyen d’heures supplémentaires trimestrielles déclarées par salarié à temps complet:

(La rupture au 4e trimestre 2007 s’explique par le fait que “les entreprises (…) omettaient sur les années récentes de déclarer à l’enquête une partie des heures supplémentaires régulièrement travaillées”. L’entrée en vigueur de la défiscalisation des heures supplémentaires a incité les entreprises à déclarer ces heures supplémentaires aux enquêtes de la DARES. La découverte de ce biais de sous-déclaration vient amplifier l’effet d’aubaine constitué par cette défiscalisation.)
Le graphique 2 montre bien, en comparaison avec le graphique 1, que l’étape de la réduction des heures supplémentaires n’a jamais eu lieu dans le cas français, et ce sont les CDD et les intérimaires qui ont été directement touchés, avec au passage des conséquences catastrophiques sur l’emploi des jeunes, surreprésentées dans ces formes d’emplois précaires.
En 2009, la troisième étape de la crise économique est atteinte, celle des licenciements et des fermetures d’entreprises.
Pour aller plus loin :
L’emploi intérimaire au 4eme trimestre 2008 : un recul sans précédent de l’intérim, DARES, avril 2009
Les heures supplémentaires au 4eme trimestre 2008, DARES, avril 2009
La défiscalisation des heures sup a accéléré la hausse du chômage, interview de Eric Heyer, Le Monde, 11 mars 2009
(Source: ecosociopo)

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