Le quotidien conservateur allemand, Frankfurter Allgemeine Zeitung, analyse la situation sociale en France à la lumière des analyses de différents observateurs français. Certes, les grèves dans les universités, les violences liées aux licenciements ou la situation dans les banlieues sont des facteurs de déstabilisation.
Mais ces mouvements ne devraient pas déboucher sur une crise de nature révolutionnaire. L’heure est, pour l’instant, moins à la révolution qu’à une défense éparse des acquis.
(…) Nicolas Sarkozy doit-il se préparer à voir la colère des victimes de la crise engendrer un bouleversement aussi profond qu’inattendu ? La révolte des travailleurs peut-elle se muer en soulèvement en masse ? «C’est presque un rituel, tous les ans en mai, la France entre dans un état prérévolutionnaire», souligne l’historien Alain-Gérard Slama.
Cette année, la crise économique et les réformes gouvernementales ont attisé la colère, mais, «pour que la mobilisation prenne un tour vraiment révolutionnaire, il faudrait que les protagonistes n’aient plus rien à perdre». Or, jusqu’à présent, c’est précisément le contraire qui s’est produit. La plupart des révoltes étaient un combat pour le statu quo.
Et que dire des travailleurs qui ont saccagé le 21 avril la sous-préfecture de Compiègne, brisant mobilier, ordinateurs et vitres de fenêtres, après le refus du tribunal de Sarreguemines d’annuler la fermeture de l’usine Continental de Clairoix ? «La révolution n’est ni pour aujourd’hui ni pour demain. Il y a beaucoup de mécontentement, beaucoup de peur – mais pas le moindre espoir d’un autre système en gestation», relève l’économiste Bernard Maris. (…)
La situation est particulièrement préoccupante dans les banlieues où vivent une majorité de Français «d’origine immigrée». Le président du Sénat, Gérard Larcher, a récemment appelé à ne pas les oublier. La situation serait «explosive» là-bas, les jeunes se vivent comme une génération sacrifiée, victime de la crise. «Pour la première fois depuis un quart de siècle, la résignation commence à céder la place à la révolte.
Le plus inquiétant, c’est que bon nombre de catégories sociales ne se sont pas encore mobilisées. Les 600 000 étudiants diplômés qui vont entrer sur le marché du travail après l’été pourraient provoquer un bouleversement considérable.
Le fait que de plus en plus d’étudiants hautement qualifiés originaires des banlieues ne trouvent pas de travail contient également un fort potentiel explosif», déclare Brice Teinturier, directeur général adjoint de TNS SOFRES.(…)
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