Tribune libre de Paysan Savoyard
Elle n’était d’abord qu’une suggestion, seulement évoquée, proposée, susurrée. Au fil des années, elle est devenue une recommandation, et s’est faite insistante, lancinante, récurrente. La diversité – puisqu’il s’agit d’elle – est aujourd’hui une objurgation, permanente, omniprésente, obsessionnelle, impérative, et désormais menaçante.
Nous sommes sommés de faire en sorte que les personnes d’origine immigrée soient au plus vite représentées à juste proportion dans les postes supérieurs d’une société devenue “diverse” : les instances politiques, les directions des entreprises, celles des administrations, les grandes écoles, ainsi que les différents médias, doivent désormais, nous répète-t-on avec une constance de plus en plus pressante, refléter la diversité.
Les premières mises en œuvre des politiques volontaristes destinées à instaurer la « diversité » (ethnique) datent d’une vingtaine d’années. Les conventions ZEP, qui permettent à des élèves de banlieue d’entrer à Sciences-Po sans concours, ont constitué la première mesure de discrimination positive.
Dans le même esprit, les pouvoirs publics ont utilisé la technique des emplois-jeunes pour recruter sans concours des policiers issus des “quartiers”. La politique de recrutement dérogatoire de personnes issues de la diversité a été également menée dans l’armée. A leur tour, les médias ont embauché de nombreux journalistes “diversifiés”.
Il n’existe plus désormais (et il ne pourrait sans doute plus exister sous peine de poursuites pénales) de films ou de publicités sans représentants des « minorités visibles » (on se rappelle que le film Amélie Poulain avait essuyé d’acerbes critiques parce qu’il présentait l’image d’une France sans immigrés).
La politique volontariste ne cesse de s’amplifier et les initiatives prises abondent. Les grandes entreprises ont ainsi désigné des responsables des « ressources humaines » chargés de développer la diversité en leur sein. La plupart ont signé une charte nationale dans ce domaine et l’on prévoit désormais de pénaliser fiscalement celles qui ne la respecteraient pas.
Les rapports officiels recensant les méthodes de promotion de la diversité se multiplient. Il est ainsi envisagé de mesurer les progrès de la diversité en examinant les patronymes et en scrutant les photos de groupe. Les élus locaux issus de l’immigration sont désormais en nombre non négligeable.
M. Sarkozy a nommé des préfets dont l’origine étrangère constituait l’élément le plus notable de leur cursus. Il a placé dans son gouvernement plusieurs ministres issus de la diversité. Il vient de nommer un Haut-commissaire à la diversité. Dans un discours du 17 décembre 2008, il a annoncé que l’ouverture à la diversité de tous les niveaux de la société française constituait désormais un objectif de politique publique prioritaire.
L’extension de la diversité est proclamée comme une évidence et elle est reçue comme telle, selon toute apparence, par la population française, qui semble l’approuver ou du moins y consentir. L’élection de B. Obama vient d’accroître encore la virulence des promoteurs de la diversité.
Nous nous risquerons pour notre part à prendre la position contraire : il n’y aucune raison pour que la société française accepte que les postes supérieurs de son organisation politique, administrative et sociale soient détenus par des personnes issues de l’immigration.
Tout au contraire, le bon sens, la simple raison, la conscience et le respect de soi-même, devraient conduire à appliquer une règle exactement inverse : s’ils veulent assurer leur pérennité et celle de leur civilisation, les Français et les Européens de souche devraient précisément veiller à occuper eux-mêmes les fonctions de direction de leur société et toutes celles comportant une certaine importance stratégique.
C’est ainsi que l’armée, l’administration, la police, la médecine, l’enseignement, les médias, ne devraient pas, selon-nous, sauf rare exception, être accessibles à des personnes issues de l’immigration.
La France et l’Europe appartiennent aux populations de souche française et européennes : il n’y a dès lors aucune raison valable d’accorder à des personnes d’origine étrangère, issues qui plus est d’une immigration récente et originaires de civilisations très différentes de la nôtre, le droit d’occuper chez nous les postes de commandement.
Lassés de passer leurs hivers dans les neiges des régions rhénanes, les Romains, à compter du 4e siècle, avaient préféré confier la défense de la frontière du nord à des barbares, qu’ils nommèrent généraux : selon Montesquieu, ce choix de la facilité et de la complaisance a constitué l’un des facteurs importants à l’origine de l’écroulement de l’Empire.
Précisons que, cependant, l’attribution de postes supérieurs à des personnes issues de l’immigration devrait rester possible, sans doute, mais à ces deux conditions : qu’elle reste exceptionnelle ; et que les personnes concernées soient pleinement assimilées et aient fait le choix de devenir des Français à part entière (et non seulement des “Français de papier”).
Apportons également cette précision d’importance. Il n’y a pas de raison non plus que les Français et les Européens confient à des personnes d’origine étrangère les tâches manuelles et d’exécution. Ces fonctions, même moins qualifiées que les postes supérieurs dont nous venons de parler, sont tout aussi essentielles. Il n’est ni moral ni raisonnable que les populations de souche choisissent de refuser les emplois dont il s’agit (industrie, construction, soin des personnes, nettoiement…) au motif qu’ils sont pénibles, faiblement rémunérés et insuffisamment valorisants.
Une société solide et pérenne est celle qui sait se prendre en charge et assurer son autonomie. C’est une société qui a conscience que toute tâche est revêtue d’une dignité dès lors qu’elle est socialement utile et qu’elle manifeste le désir de celui qui l’assure d’apporter sa contribution à la collectivité et de ne pas être pour elle une charge.
C’est la raison pour laquelle l’immigration de masse, clandestine ou non, qui est destinée notamment à permettre l’occupation de ces emplois dont (à ce qu’il semble) “les Français ne veulent pas”, est absurde, injustifiable, catastrophique.
Est également injustifiable et catastrophique le comportement des Français de souche qui, dépourvus des qualifications permettant de prétendre aux fonctions supérieures, refusent pourtant d’occuper les emplois manuels et d’exécution disponibles et préfèrent profiter des dispositifs d’assistanat mis en place ces trente dernières années (emplois aidés « bidons », études supérieures « bidons », intermittence du spectacle, RMI…) : ce comportement est au demeurant le symétrique de l’immigration de masse, qu’il rend obligatoire.
L’ouverture à la diversité, donc, est tout sauf une évidence. Les pays qui peuvent espérer connaître une paix civile durable sont ceux dont la population reste homogène : même race, même histoire, même culture, même langue. Les sociétés hétérogènes, au contraire, sont tôt ou tard vouées aux conflits civils et aux tentatives d’élimination des groupes les plus faibles.
Dès lors qu’elle s’ouvre à une immigration massive, une société (une civilisation) se fragilise. Si elle va jusqu’à confier ses postes de commandement à des personnes d’origine étrangère, c’est qu’elle a choisi de disparaître.