Notre lecteur Bill propose un nouveau témoignage sur une série d’affaires jugées au Tribunal de Grande Instance de Toulouse. Huit comparutions en tout. Son texte sera publié à raison d’une affaire par jour, à 20h30. Le texte a été très légèrement abrégé.
8e (dernière) comparution
Francis est un type de 50 ans, maigre, le regard dur. Il comparait pour des faits de violence sur deux femmes, sa compagne et une amie, sous la menace d’une arme, ainsi que détention d’armes de la 1ère à la 4ème catégorie.
La compagne de Francis est sa voisine. Il a déjà 1 enfant d’un précédent mariage, elle 6. Ensemble ils ont eu un autre enfant. Francis est alcoolique. Selon les déclarations de sa femme, « une bouteille de Ricard, ça lui fait 2 jours ».
Un soir, il lève la main sur sa compagne et une amie venue lui rendre visite. Habitant la maison voisine, il s’en va et revient un revolver à la main. Il profère des menaces, puis repart. Dans le jardin, il tire un coup de feu en l’air.
Au cours de la perquisition, la police trouvera 5 fusils de chasse, 2 carabines et 2 revolvers.
Francis reconnaît les faits, mais n’est pas d’accord sur le déroulement des violences. Ses versions sont contradictoires. Il dit qu’il a « songé à se tirer une balle, mais qu’il ne l’a pas fait parce qu’il a un fils ». Il dit en bafouillant « qu’il n’a pas voulu frapper ». Pourtant les policiers ont constaté des ecchymoses sur les corps des 2 victimes.
Francis a un casier judiciaire vierge. Il est totalement inconnu des services de police. Il a un travail d’artisan-plombier et même un apprenti. Il est sous traitement pour son problème d’alcool. Il dit qu’il ne sait pas pourquoi il boit. Au sujet des ses armes, il dit qu’il les « garde bien cachées », bien qu’il n’ait pas les autorisations nécessaires.
L’avocat de sa compagne déclare que cette dernière ne réclame pas de dommages et intérêts, qu’elle reste attachée à Francis, et qu’elle souhaite simplement que les violences dues à son alcoolisme cessent. Elle demande une peine adaptée et une obligation de soins.
Pour le procureur, les faits sont indéniablement liés à la consommation d’alcool. Pour lui Francis n’est pas quelqu’un de violent quand il ne boit pas. D’ailleurs l’accusé ne nie pas les faits, même s’il est imprécis.
De plus Francis n’a opposé aucune résistance lors de son interpellation. Il faut toutefois éviter que les faits se réitèrent, il y a donc un besoin de soins. Le magistrat réclame donc 1 an d’emprisonnement et 2 ans de mise à l’épreuve, avec obligation de soins.
L’avocat de Francis évoque son travail sérieux, et les enfants qui sont à sa charge. Il rappelle qu’en 50 ans, pas une fois son client ne s’est présenté devant un tribunal. Pendant sa plaidoirie, Francis et sa femme se sourient. On sent qu’ils ne sont pas vraiment fâchés.
Après délibération, Francis est condamné à 1 an de prison avec sursis, et mise à l’épreuve de 2 ans, avec bien sûr une obligation de traitement.