Depuis la réélection de Bouteflika, Bockel avoue qu’il « marche sur des oeufs ». En effet, le voyage d’Etat du président algérien en France, prévu pour juin, est reporté à une date ultérieure. Bouteflika préférerait, semble-t-il, que sa première destination européenne ne soit pas la France.
Cette visite est destinée à “resserrer les liens entre Paris et Alger“. Or, les dossiers « qui fâchent » sont loin d’être clos. Il s’agit essentiellement du problème des visas (les Algériens souhaitent que Paris en accorde beaucoup plus, voire supprime cette formalité, jugée discriminante) et de la « mémoire ».
En clair, l’histoire de la colonisation et la guerre d’Algérie. Ce dossier est le plus épineux. Paris ne veut qu’une chose : que l’on en finisse au plus vite avec le passé, afin de se « tourner vers l’avenir ensemble ». Une proposition pas si simple à accepter à Alger, où la « famille révolutionnaire », dont les derniers représentants sont encore au pouvoir, active souvent le ressentiment contre l’ancienne puissance coloniale à des fins internes.
Du coup, Jean-Marie Bockel s’est livré, en décorant les survivants de la Seconde Guerre mondiale, à un numéro de haute voltige. Resserrer les liens mémoriels, dont les vieillards présents sont l’illustration parfaite, et évoquer sans trop insister une histoire douloureuse plus récente.
« Nous devons parler du passé sans le ressasser, a rappelé le ministre, trouver les mots que l’on puisse utiliser dans nos deux pays, avoir une démarche claire et apaisée, sans oublier les événements tragiques. » En bref, « trouver la voie originale » qui permettra une discussion apaisée entre Etats. Source