Depuis plusieurs mois, l’Europe est plongée dans une crise économique et financière sans précédent. Mais, sur fond de chômage croissant, les économies sont diversement touchées et, en leur sein, les secteurs inégalement atteints. Partout, cependant, le chômage explose.
Étrange crise qui, d’un côté, détruit des millions d’emplois à travers l’Europe, appauvrit de petits – et de gros – propriétaires, ruine de jadis prospères « golden boys », et, de l’autre, redonne du pouvoir d’achat aux consommateurs et aux ménages, rend à nouveau possible l’achat d’un appartement ou d’une nouvelle voiture en se débarrassant de l’ancienne, en profitant au passage d’une prime à la casse.
Des pans économiques entiers souffrent de la chute de la demande domestique et mondiale alors que d’autres continuent à prospérer à l’abri du maelström. Le monde écope de la pire récession économique depuis les années 1930, mais certains affirment qu’ils n’en ressentent pas les effets et vont jusqu’à la qualifier de « virtuelle ».
Difficile dans ces conditions de s’étonner que les euro-manifestations organisées depuis hier et jusqu’à samedi par les syndicats dans plusieurs capitales, pour exiger des mesures sociales et davantage de moyens pour la relance, ne rassemblent pas davantage que les troupes militantes traditionnelles. Car, si la crise en Europe a des racines communes, les économies sont diversement touchées et, au sein de chacune d’entre elles, les secteurs inégalement atteints.
L’immobilier est le premier pilier à avoir cédé en Espagne, mais il est resté solide sur ses bases en Allemagne. Si la City a pris de plein fouet la bourrasque financière qui s’était formée de l’autre côté de l’Atlantique, la France a essuyé une moindre tempête. Partout cependant, le chômage explose, l’économie réelle ayant été rapidement contaminée par les virus paralysants de la crise financière.
L’inquiétude des ménages est palpable et la crainte de perdre son emploi constitue aujourd’hui, selon un sondage mené par l’institut GfK, la préoccupation majeure des Européens. Par voie de conséquence, la propension des ménages à geler leurs dépenses en attendant des jours meilleurs est un des réflexes les mieux partagés en Europe. Seuls les Allemands semblent rassurés par la gestion sociale des effets de la crise par le gouvernement Merkel, qui a grandement facilité le recours au chômage partiel. A moins qu’il ne s’agisse plutôt de résignation, après des années de vaches maigres.(Source: Les Echos)